Au cours de la majeure partie de son histoire, les États-Unis ont eu le luxe de mener leurs guerres dans des zones sûres ; c’est-à-dire dans des contrées lointaines, vient d’écrire Foreign Policy qui explique que depuis plus de deux siècles, aucune bataille internationale majeure n’a eu lieu sur le territoire américain et pas plus dans son voisinage et que même le bombardement du Pearl Harbor par le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale s’est fait loin du sol des États-Unis.
Le journal ajoute qu’au cours des dernières décennies, même les bases américaines installées dans d’autres États n’ont été que très peu confrontées à des menaces.
« Cette grande immunité a permis un mode particulier de guerre pour l’Amérique impliquant des assauts massifs lancés depuis des sanctuaires presque inatteignables. Lors des récentes guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Serbie par exemple, l’armée américaine a utilisé des bases sécurisées et des réseaux logistiques s’étendant du centre des États-Unis aux frontières de l’ennemi. Dans ces vastes espaces sécurisés, les militaires ont pu mener leurs batailles de manière stratégique et organiser des frappes aériennes et aux missiles avec une grande efficacité. En conséquence, les résultats des guerres immédiates ou leurs conséquences n’ont jamais été mis en doute ».
Toutefois, précise l’auteur de l’article de Foreign Policy : « Dans les guerres futures, les nouvelles technologies pourraient permettre à de grandes puissances rivales, telles que la Chine et la Russie, de mener des attaques précises et dévastatrices sur les bases militaires et les réseaux logistiques américains, y compris ceux situés aux États-Unis. Ceci est rendu possible grâce aux progrès réalisés dans les domaines de l’aérospatiale, de la robotique, de l’apprentissage automatique, de l’impression 3D et des nanomatériaux créant de nouvelles classes de missiles et des drones mortels qui peuvent être lancés de manière discrète, parcourir de grandes distances et supporter des forces massives, le tout pour une fraction du coût des technologies traditionnelles ».
Le journaliste étaie son raisonnement de la sorte :
« Les nouveaux missiles hypersoniques, par exemple, associent la vitesse et la portée des missiles balistiques à la maniabilité et à la précision des missiles de croisière. Les véhicules aériens sans pilote (drones) et les planeurs sous-marins ont atteint une portée transocéanique. Les algorithmes peuvent coordonner des essaims de plus de 1000 drones. Les imprimantes 3D au carbone peuvent produire 1 000 corps de drones par jour pour moins de 10 dollars par copie et les nanomatériaux peuvent équiper les drones d’ogives deux fois plus puissantes que les explosifs classiques.
La diffusion de ces technologies rendra le mode de guerre actuel des États-Unis obsolète. Armées de vastes arsenaux de missiles à longue portée et de drones armés, la Chine et la Russie sont de plus en plus capables d’ignorer le sanctuaire militaire américain. Au cours des époques technologiques précédentes, une frappe des bases américaines nécessitait des raids audacieux, généralement trop petits et sporadiques pour contrecarrer la puissance de combat américaine ou alors des tirs de missiles nucléaires susceptibles de déclencher des représailles massives. Maintenant, la Chine et la Russie peuvent envoyer des hordes de missiles conventionnels et de drones pour saccager les réseaux américains, détruisant les plates-formes d’armes américaines, coupant les liaisons de communication américaines et éliminant les dépôts de carburant et de munitions essentiels ».
Et selon Foreign Policy, les Américains ne pourront pas faire face à de telles attaques : « L’armée américaine aurait du mal à réagir rapidement à de telles attaques, car elle n’y est pas préparée. La plupart des bases n’ont que peu, voire pas du tout, de systèmes de défense antimissile et d’abris renforcés. Les avions de combat et les navires de guerre sont souvent garés à découvert, côte à côte. Les communications entre les centres de commandement et les soldats sur le terrain reposent largement sur les satellites qui suivent des orbites prévisibles… La force logistique américaine comprend principalement des navires à vapeur non armés dont la plupart doivent être mis hors service d’ici 15 ans. Les navires de guerre et les sous-marins américains ne peuvent pas être rechargés en mer. Ils doivent donc faire la navette entre le théâtre de guerre et une poignée de navires, passant sur les des ports se trouvant sur le sol américain et ceux se trouvant sur les territoires des alliés américains ».
Par ailleurs, l’armée américaine dépend de plus en plus des systèmes militaires qui ont besoin de bases militaires sécurisées et de réseaux logistiques pour contrer les capacités anti-accès de la Chine et de la Russie (A2/AD), ce qui aggrave encore davantage la situation pour les États-Unis. Par exemple, les États-Unis utilisent le B-21 qui n’est pas encore opérationnel et ce, alors même que la Russie et la Chine sont déjà capables de détruire ce système aérien.
Source: PressTV