Le gouverneur de la Banque centrale libanaise a annoncé jeudi qu’il allait enquêter sur de possibles transferts d’argent massifs à l’étranger qui, s’ils étaient avérés, constitueraient des violations des restrictions bancaires.
Cette déclaration intervient dans un contexte de vaste mouvement de contestation contre la classe politique, accusée d’incompétence et de corruption, et de grave crise économique.
« Nous allons faire tout ce qui est permis par la loi pour enquêter sur tous les transferts (à l’étranger) effectués en 2019 », a affirmé Riad Salamé, lui-même pointé du doigt.
« S’il y a des (transferts de) fonds suspects, nous le saurons », a-t-il indiqué à des journalistes.
Des gens ont parlé de « politiciens, hauts fonctionnaires et propriétaires de banques » impliqués dans la fuite de capitaux, a affirmé M. Salamé mais, a-t-il dit, une enquête reste nécessaire pour identifier les responsables.
Si le dollar est couramment utilisé au quotidien, une pénurie a poussé les banques à imposer des restrictions depuis plusieurs mois sur son obtention et sur les transferts à l’étranger, pour tenter de conserver des réserves des devises étrangères.
Cela a provoqué la colère dans le pays, touché par une contestation inédite depuis octobre.
Des militants estiment que les citoyens paient le prix d’une crise des liquidités aggravée par les politiciens, hauts fonctionnaires et banquiers, qui ont usé de leur influence pour faire sortir leurs importantes économies du pays.
De nombreux dirigeants possèdent, ou ont de larges parts dans, plusieurs banques.
Hassan Fadlallah, membre du bloc parlementaire du puissant parti chiite Hezbollah, a évoqué jeudi des transferts de fonds d’un montant de « 11 milliards de dollars ».
Si ces fonds sont récupérés, « nous aurons des liquidités, ce qui permettra aux citoyens (…) d’accéder à leur argent », a-t-il dit à des journalistes après la rencontre au Parlement avec M. Salamé.
Selon un rapport du centre Carnegie, 800 millions de dollars sont sortis du pays entre le 15 octobre et le 7 novembre, alors que beaucoup de Libanais ne pouvaient accéder à leurs fonds, les banques étant fermées lors de manifestations.
Le Liban connaît sa pire crise économique depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
La livre libanaise, dont le taux officiel est fixé à 1.500 livres pour un dollar depuis 1997, a connu une dévaluation de 30% sur le marché noir depuis septembre.
Source: Avec AFP