Il est arrivé à l’aéroport de Damas, accompagné de quatre soldats des Gardiens de la révolution iraniens, à bord d’un véhicule aux vitres teintées qui l’a déposé au pied d’un escalier le menant à bord d’un Airbus A320 de la compagnie Cham Wings à destination de Bagdad.
Ni le général Qassem Soleimani, ni les soldats qui lui servaient d’escorte, n’étaient enregistrés sur la liste des passagers, selon un employé de la compagnie aérienne qui a décrit à Reuters la scène de leur départ de la capitale syrienne.
L’influant commandant de la force AlQods, unité d’élite des Gardiens de la révolution, avait choisi de ne pas utiliser son jet privé pour des mesures de sécurité, a déclaré une source sécuritaire irakienne informée des mesures prises par Soleimani.
Des roquettes tirées par un drone américain ont assassiné Qassem Soleimani juste après son arrivée à Bagdad alors qu’il quittait l’aéroport de la capitale irakienne dans un convoi composé de deux véhicules blindés.
Parmi les autres victimes figure l’homme qui était venu accueillir le général iranien à l’aéroport: Abou Mahdi Mouhandis, le numéro des Forces de mobilisation populaires (PMF), une entité gouvernementale irakienne regroupant les paramilitaires ayant combattu et vaincu Daesh en Irak.
Les autorités irakiennes ont ouvert une enquête dans les minutes qui ont suivi les frappes américaines le 3 janvier, ont indiqué à Reuters deux représentants des services de sécurité irakiens.
L’aéroport de la capitale a été placé en confinement; des dizaines de membres des services de sécurité, du renseignement ou des douanes ont été bloqués sur les lieux.
Un informateur présumé à bord de l’avion
Les enquêteurs ont centré leurs recherches sur la manière dont des informateurs présumés à l’intérieur des aéroports de Damas et Bagdad ont collaboré avec l’armée américaine pour aider celle-ci à localiser Soleimani, a appris Reuters lors d’entretiens avec deux membres des services de sécurité au fait de l’enquête menée en Irak, deux employés de l’aéroport de Bagdad, deux officiers de police et deux employés de Cham Wings Airlines, une compagnie syrienne privée basée à Damas.
Falih al Fayadh, conseiller à la sécurité nationale à Bagdad et commandant des Hachd, a été chargé de mener l’enquête.
Une source sécuritaire irakienne a indiqué à Reuters que les enquêteurs de l’agence de sécurité nationale disposaient d’éléments probants indiquant qu’un « réseau d’espions » à l’intérieur de l’aéroport de Bagdad ont été impliqués dans la divulgation d’éléments de sécurité « sensibles » sur l’arrivée de Soleimani.
Parmi les personnes suspectées d’avoir fourni de précieuses informations aux Etats-Unis figurent deux membres des services de sécurité de l’aéroport irakien et deux employés de Cham Wings – « l’un à l’aéroport de Damas et l’autre travaillant à bord de l’avion », a précisé cette source.
Les enquêteurs pensent que les quatre suspects, qui n’ont pas été arrêtés, font partie d’un réseau plus vaste d’informateurs de l’armée américaine, a-t-elle ajouté.
Les deux employés de la compagnie aérienne Cham Wings font l’objet d’une enquête des services du renseignement syrien, ont déclaré deux représentants des services de sécurité irakiens.
Son arrivée confirmée par une cellule à l’aéroport
Un membre des services sécuritaires irakiens a déclaré que les premiers éléments des enquêteurs de Bagdad « suggèrent que le premier ‘tuyau’ sur Soleimani est venu de l’aéroport de Damas ».
La mission de la « cellule de l’aéroport de Bagdad était de confirmer l’arrivée de la cible et les détails de son convoi », a précisé cette même source.
Aucun commentaire n’a été obtenu auprès du service de presse de l’agence de sécurité nationale irakienne. La mission irakienne auprès des Nations unies n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Dans les heures qui ont suivi l’assassinat de Soleimani, les enquêteurs ont épluché l’ensemble des appels et messages téléphoniques du personnel aéroportuaire pour déterminer qui avait pu avertir les Etats-Unis des mouvements du puissant général, ont dit des représentants des services de sécurité irakiens.
Les enquêteurs ont interrogé pendant plusieurs heures des employés de l’aéroport et de Cham Wings, selon ces sources. Un agent de sécurité a dit avoir été questionné pendant 24 heures avant d’être relâché; son téléphone lui a été confisqué et des « millions de questions » lui ont été posées, a-t-il déclaré.
Source: Avec Reuters