Le Président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que Mogadiscio avait invité la Turquie à rechercher du pétrole dans les eaux somaliennes. Quels en pourraient être les avantages et les risques pour Ankara? Sputnik a adressé cette question à Tugrul Oguzhan Yılmaz, du Centre turc d’étude de l’Afrique (AFAM).
La prospection de pétrole dans les eaux somaliennes pourrait permettre à la Turquie de conforter ses positions sur les territoires africains s’étendant jusqu’à la mer Rouge et l’océan Indien, a estimé au micro de Sputnik Tugrul Oguzhan Yılmaz, du Centre turc d’étude de l’Afrique (AFAM), commentant la proposition faite par Mogadiscio à Ankara.
«Compte tenu des relations économiques et militaires entre la Turquie et la Somalie, le passage de ces deux pays à la coopération énergétique semble tout à fait attendu, voire inévitable», a déclaré l’interlocuteur de l’agence.
Et de souligner que la prospection de pétrole en Somalie ne profiterait uniquement pas à la Turquie.
Les «pour» et les «contre»
«En réalité, c’est le peuple somalien qui y gagnerait le plus. La division et l’instabilité politique en Somalie génèrent d’immenses problèmes économiques, et l’exploration pétrolière réalisée par la Turquie pourrait exercer un impact positif sur les conditions de vie de la société somalienne. En même temps, cela pourrait renforcer le prestige politique d’Ankara et élargir l’influence de la Turquie sur de grandes étendues jusqu’à la mer Rouge et l’océan Indien», a détaillé l’expert.
Il n’a toutefois pas omis d’évoquer les risques liés notamment aux agissements du groupe terroriste somalien Al Shabab, affilié à Al-Qaïda.
Pour lui, malgré les menaces existantes, la Turquie est capable d’assurer la sécurité de son personnel en Somalie.
Ne pas admettre une nouvelle coalition antiturque
«Quoi qu’il en soit, la Turquie doit agir avec prudence et pondération. Sur la base des normes du droit international, Ankara doit défendre ses droits et intérêts, tout en s’appliquant à ne pas admettre la création d’une nouvelle coalition antiturque dans cette partie du monde», a résumé l’interlocuteur de Sputnik.
Des relations qui ne datent pas d’hier
La Turquie a été une source importante d’aide à la Somalie après une famine en 2011.
Des ingénieurs turcs ont aidé à construire des infrastructures en Somalie. Des entreprises turques ont investi en Somalie et des officiers turcs ont formé des soldats somaliens dans le cadre des efforts de constitution de l’armée du pays.
En septembre 2017, la Turquie a inauguré le plus grand centre d’entraînement militaire étranger de Somalie.
Cette présence lui a plusieurs fois valu de voir ses intérêts et ressortissants ciblés par les shebab.
Chassés de Mogadiscio en 2011, ces derniers, affiliés à Al-Qaïda, ont perdu l’essentiel de leurs bastions mais contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides.
Les shebab ont notamment revendiqué l’attentat perpétré fin décembre dernier à la voiture piégée contre un poste de contrôle de Mogadiscio, qui a fait 81 morts dont deux ressortissants turcs.
Source: Avec Sputnik