Le chef du Conseil souverain qui dirige le Soudan a estimé, mardi 4 février, que sa rencontre la veille avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en Ouganda était motivée par sa volonté de préserver « la sécurité nationale » de son pays.
« J’ai entrepris cette démarche depuis la perspective de ma responsabilité (…) de protéger la sécurité nationale soudanaise et d’assurer l’intérêt suprême du peuple soudanais », a prétendu le général Abdel Fattah al-Burhane dans un communiqué.
Un responsable soudanais a indiqué mardi à l’AFP que M. Burhane avait informé ce jour le Conseil souverain qu’il dirige de son entretien inédit avec M. Netanyahu.
Khartoum, comme la plupart des capitales arabes, n’entretient pas de relations avec l’entité sioniste.
Le gouvernement soudanais a dit ne pas avoir été informé par avance de cette rencontre –non annoncée– qui a réuni lundi dans la ville ougandaise d’Entebbe, Abdel Fattah al-Burhane et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
A cette occasion, le dirigeant israélien a dit avoir convenu avec M. Burhane « d’entamer une coopération qui normalisera les relations entre les deux pays ».
Composé de civils et de militaires soutenus par l’axe saoudo-émirati-égyptien, le Conseil souverain est chargé de superviser la transition du Soudan. Il a été mis en place après la destitution du président Omar el-Béchir en avril par l’armée.
Le Soudan a souffert sous le règne de Béchir d’années de sanctions internationales et figure toujours sur la liste américaine des pays soutenant le ‘terrorisme’.
Selon le bureau du Premier ministre israélien, M. Netanyahu pense que le Soudan avance aujourd’hui dans la « bonne direction », et en a fait part au secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, dont le pays est le grand allié d’Israël.
« M. Burhane désire aider son pays à se moderniser en mettant fin à son isolement », selon le bureau de M. Netanyahu.
La rencontre avec le Premier ministre israélien survient alors que M. Burhane a été invité à se rendre prochainement Washington pour une visite officielle, selon le Conseil souverain.
Il s’agit de la première fois en trois décennies que les Etats-Unis invitent un haut responsable de ce pays du nord-est de l’Afrique.
« Coup de poignard »
Entre-temps, ‘Israël’ tente de resserrer ses liens avec des pays arabes qui lui étaient historiquement hostiles. Notamment à la lumière de l’annonce la semaine dernière du plan du président américain Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a exhorté les dirigeants arabes, musulmans et africains à dénoncer ce plan, jugé trop favorable à ‘Israël’ et qui liquide la cause palestinienne.
Lundi, la direction palestinienne a d’ailleurs condamné la rencontre d’Entebbe, la qualifiant de « coup de couteau dans le dos ».
Le Parti communiste soudanais, qui fait partie du mouvement de contestation ayant secoué le Soudan l’an dernier, n’a pas non plus digéré cette rencontre.
« C’est un coup de poignard dans le dos, pour la lutte anti-impérialiste du peuple soudanais et son soutien au peuple palestinien », a dénoncé mardi le porte-parole du parti, Fathi Fadoul, dans une vidéo sur la page Facebook du parti.
« Nous condamnons aussi le communiqué du gouvernement. Il devait dire directement quelle est sa position à propos de la rencontre au lieu de dire simplement qu’il n’en n’avait pas été informé », a-t-il ajouté.
Sous le règne de Béchir, le Soudan, à l’image de la plupart des pays arabes, boycottait ‘Israël’ lui reprochant notamment son occupation des territoires palestiniens.
Source: Avec AFP