Le chef d’état-major israélien le lieutenant-général Aviv Kochavi a présenté le 14 février dernier sa doctrine militaire quinquennale au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au ministre de la Guerre Naftali Bennett.
Baptisée Tenufa, mot hébreu qui veut dire ‘amplitude’, elle prône une guerre éclair, dans le sens qu’elle doit être courte et rapide, et constituer un coup fatal dès le premier tour. Détruisant en très peu de temps 50% de la force de l’ennemi.
A cet égard, le général israélien, répugne les 50 jours de la dernière offensive contre la bande de Gaza de 2014.
Il prône aussi une complémentarité plus accentuée entre les différentes branches de l’armée, et une autonomie accrue des troupes et des commandants sur le terrain, tout en maintenant une communication continue entre elles pour échanger rapidement les informations. Une connection qui devrait passer du pilote dans le ciel au commandant de section sur le terrain.
Une nouvelle division d’infanterie
Or, cette complémentarité est exigée le plus entre la force aérienne et l’armée de terre. Dans le but de provoquer un grand choc, l’offensive terrestre y constitue un objectif essentiel pour accomplir la destruction des capacités de l’ennemi et non pas pour occuper des territoires.
A cette fin, sera établie une nouvelle division d’infanterie (la 99ème Division), qui aura quatre brigades et des unités d’élite de réserve. Elle doit être opérationnelle d’ici 2023.
Selon les observateurs, cette nouvelle perception se démarque de l’ancienne qui accordait un rôle décisif à l’aviation israélienne pour achever la bataille et reléguait l’infanterie à un second rôle.
En revanche, elle reste attachée à une règle qui a toujours régi les guerres israéliennes : elles doivent se faire exclusivement « en terre ennemie ». D’où la nécessité selon lui de protéger les frontières d’une façon « plus intelligente, plus décisive et plus victorieuse ». La proposition du chef d’état-major israélien se veut sans doute répondre aux menaces de la résistance libanaise qui menace un transfert du territoire de la bataille. Tout juste le contraire.
Qui est l’ennemi
Et dans son diagnostic sur la nature de l’ennemi, il le perçoit comme étant formé d’organisations essentiellement idéologiques de point de vue doctrinal, disposant de structures plus importantes que celles des organisations mais moins importantes que celle de l’Etat. En allusion au Hezbollah, au Hamas et au jihad islamique.
« Si, dans les guerres précédentes, les troupes pouvaient visualiser l’ennemi dans un endroit clair, l’ennemi d’aujourd’hui est décentralisé et beaucoup plus difficile à visualiser. Les ennemis sont devenus des cibles sensibles au temps qui défient Tsahal de les frapper immédiatement après leur détection, avant qu’ils ne disparaissent à nouveau », précise le site en ligne JForum.
L’entrée en action du front syrien semble aussi préoccuper le chef militaire israélien. « Le défi stratégique d’Israël est sur le front nord avec l’installation des forces iraniennes en Syrie, et leur projet de missiles de précision », avait précisé Kochavi peu après la publication du plan, le mois d’octobre dernier.
Force spéciale contre l’Iran
Le plan de Kochavi se veut créer une nouvelle force militaire indépendante au sein de l’armée israélienne pour gérer l’action contre l’Iran en temps de guerre et de paix et en cas d’urgence. Elle sera dirigée par un général de division et sera dédiée et concentrée sur l’analyse des menaces posées par l’Iran et la planification de la campagne d’Israël contre la République islamique.
Sur le plan logistique, le plan de Kochavi préconise une augmentation des drones, des navires de guerre de type Saer pour protéger les plateformes maritimes de gaz. Il réclame la création de nouveaux escadrons de chasseurs de type F-35 et F-15 en plus d’hélicoptères, sans oublier les systèmes anti missiles.
Des antimissiles, mais…
Il est question d’augmenter le nombre de systèmes d’interception de missiles pour un parapluie de protection multicouche contre les missiles de précision, les missiles de croisière, les véhicules aériens sans pilote, et plus encore. Mais ces systèmes dont le Parapluie de fer et Fronde de David ne peuvent être efficaces que dans le cas des missiles tirés au tac au tac et non pas dizaines ou centaines en même temps. Comme cela devrait avoir lieu selon les prévisions.
Quant au prometteur laser chimique Sky Guard, il ne peut agir qu’en temps dégagé. C’est du moins l’avis du général de réserve Itzhak Bric et du professeur Afshalom Elitsor qui voient la prochaine guerre avec « des couleurs foncées », selon leur article dans le Haaretz. Ils s’inquiètent surtout pour la disparité entre les activités offensives et défensives du plan de Kochavi. Le premier devrait occuper 70% de l’effort de guerre, et le 30 % aux , estiment les médias israéliens.
« Non seulement à cause de la force de frappe formée de plusieurs milliers de missiles qui transportent des têtes explosives capables de frapper partout mais aussi parce que la riposte israélienne est basée sur un peu de défense et lors de l’expérience plus rien ».
Selon ces deux hommes, cette guerre provoquera une paralysie de l’Etat et une évasion collégiale du pays vers l’extérieur et avant tout un grand nombre de tués.
Source: Divers