En riposte à la décision de la Turquie de déclencher une offensive contre Damas dans le gouvernorat d’Idleb, l’armée syrienne a fermé l’espace aérien aux aéronefs et drones au-dessus du nord-ouest du pays. Elle a annoncé avoir abattu 6 drones turcs ce dimanche 1er Mars dans le gouvernorat d’Idleb.
«Tous les avions violant notre espace aérien seront considérés comme hostiles et abattus pour les empêcher de remplir [leurs] objectifs», a indiqué le commandement des Forces armées syriennes dans un communiqué cité par l’agence syrienne Sana.
Offensive « Spring Shield »
Cette décision syrienne est intervenue après que le ministre turc de la Défense nationale, Hulusi Akar, a annoncé une offensive militaire contre les forces de Damas baptisée «l’opération Spring Shield», Bouclier du Printemps.
Il a signalé la «neutralisation» d’un drone, de huit hélicoptères, de 103 chars, de 72 obusiers, de trois systèmes de défense aérienne et de 2.212 militaires du «régime [syrien]», rapporte la chaîne de télévision NTV.
D’après Hulusi Akar, l’objectif de l’opération «n’est pas la confrontation avec la Russie».
Communiqué militaire
« Les forces du régime turc poursuivent leurs actes offensifs contre nos forces armées dans le gouvernorat d’Idleb et tout autour, en visant les positions de nos soldats qui font face aux terroristes ou en apportant toutes sortes de soutien aux groupuscules terroristes inscrits sur la liste des organisations terroristes du droit international », a assuré une source militaire syrienne citée par al-Manar.
Elle faisait allusion à l’alliance de Hayat Tahrir al-Cham (HTC-HTS), qui compte des groupes jihadistes takfiristes proches d’Al-Qaïda, dont le célèbre front al-Nosra. Celui-ci s’est rebaptisé front Fatah al-Cham et refondu dans HTC en arguant vouloir s’être séparé d’Al-Qaïda, dans une démarche destinée à leurrer l’opinion publique internationale sur sa véritable identité.
6 drones turcs et deux avions syriens abattus
En réponse au communiqué du ministère turc, l’armée syrienne a nié avoir perdu un drone, assurant, images à l’appui, avoir abattu «un drone turc aux mains des organisations terroristes à proximité de la ville de Saraqeb, dans la partie sud-est du gouvernorat d’Idleb». Plus tard dans la journée, il a été question de six drone qui ont été abattus.
«Le 1er mars, les forces de défense aérienne syrienne ont détruit six drones d’attaque de l’armée turque au-dessus de la zone de désescalade d’Idlib. Ils attaquaient des positions des forces gouvernementales en soutien de groupes terroristes», a déclaré une source au sein du ministère syrien de la Défense à Sputnik.
Par la suite, le ministère turc de la Défense a déclaré sur Twitter avoir détruit le système de défense antimissile syrien qui avait auparavant abattu le drone turc, ainsi que deux autres dispositifs similaires.
En revanche, la télévision syrienne a annoncé que les forces turques ont visé deux avions syriens dans la région d’Idleb, assurant que les pilotes sont sains et saufs, après s’être éjectés par parachute. Le ministère turc de la Défense a assuré que les deux appareils se sont abattus dans les régions contrôlées par Damas.
Démenti russe
La Russie a aussi démenti les informations selon lesquelles un avion Su-24 russe aurait été prétendument abattu à Idlib.
«Les informations faisant référence à des sources sur Internet, selon lesquelles un avion russe Su-24 a été prétendument abattu par des systèmes portatifs de défense aérienne dans l’espace aérien au-dessus de la zone de désescalade d’Idlib sont des fakes», a indiqué le ministère russe dans un communiqué.
L’armée combat de nouveau pour libérer Saraqeb
Sur le terrain, les forces syriennes se trouvent toujours dans leurs positions conquises ces dernières semaines, à l’exception de Saraqeb qui a été réoccupé par les groupes terroristes jihadistes takfiristes, a indiqué la correspondante de télévision libanaise Al-Mayadeen Tv.
Selon cette dernière, l’essentiel de la bataille se situe ce dimanche sur l’axe de Saraqeb et de Jabal Zawiya.
« Pour l’armée la reprise de Saraqeb est une priorité afin de sécuriser l’autoroute international Alep-Damas », connue aussi sous l’appellation M5, a-t-elle ajouté.
Recrutement par la force
Dernière évolution selon la télévision syrienne : les forces d’occupation turques et leurs mercenaires ont effectué une campagne d’arrestation de jeunes syriens dans les villages de la province de la ville Ras al-Aïn dans la province de Hassaké, pour les contraindre à combattre dans leurs rangs.
Les tensions dans la zone de désescalade d’Idleb sont montées d’un cran le 27 février après que les miliciens de HTC-HTS ont mené une attaque contre les positions des forces gouvernementales syriennes. Ces dernières ont riposté en tuant 33 soldats turcs qui se trouvaient parmi les terroristes.
Selon les informations turques, citées par la Défense russe, aucune unité des forces turques «n’aurait dû se trouver dans la zone concernée».
Par la suite, l’armée turque a effectué une frappe contre les unités syriennes, en neutralisant 200 cibles, d’après Ankara.
Depuis fin décembre, l’armée syrienne a lancé une opération destinée à libérer le gouvernorat d’Idleb, occupé par HTC et ses alliés les groupes rebelles fondés et soutenus par la Turquie. Ankara qui œuvre pour empêcher cette libération, a investi quelques 7000 militaires qui se trouvent aux côtés des miliciens. Son artillerie et son armée de l’air sont elles aussi entrées en action.
Source: Divers