Les Bourses du Golfe dégringolent dimanche, emboitant le pas aux principales places internationales qui ont connu la semaine dernière leur pire semaine depuis la crise de 2008, affolées par les conséquences déstabilisatrices du nouveau coronavirus sur l’économie mondiale.
Les sept marchés de la région, ultra dépendants du pétrole dont les prix ont encaissé la semaine dernière leur plus importante chute hebdomadaire depuis 2008 à New York et depuis 2016 à Londres, ont plongé à l’ouverture, la semaine commençant pour eux le dimanche pour se terminer le jeudi.
La Bourse de Ryad, plus gros marché de la région et classée dans le top 10 des places boursières mondiales, chutait de 2,9% à la mi-journée.
Sa vedette, l’action du géant pétrolier saoudien Aramco a atteint en cours d’échange son plus bas depuis son introduction en Bourse début décembre, pour remonter légèrement ensuite à 32,55 riyals (environ 7,87 euros), soit à peine 55 centimes de plus que son prix initial à son entrée sur le marché.
Entreprise la plus rentable au monde et la plus grosse cotée en Bourse, le joyau économique du royaume pompe près de 10 millions de barils par jour, soit 10% de la demande mondiale qui subit déjà les conséquences de l’épidémie Covid-19.
« Les valeurs boursières du CCG (Conseil de coopération du Golfe) se sont effondrées face à la propagation de la panique liée au nouveau coronavirus dans la région », a expliqué à l’AFP M. R. Raghu, analyste au Kuwait Financial Centre (Markaz).
« Les prévisions initiales concernant un scénario de confinement de l’épidémie en Chine ne se sont pas concrétisées, de nouveaux cas continuant d’être recensés à l’international », a ajouté l’analyste.
Pertes de revenus
L’épidémie s’approche des 3.000 morts pour plus de 86.000 cas dans une soixantaine de pays –dont près de 80.000 cas pour 2.870 décès en Chine, où l’activité économique est largement paralysée depuis fin janvier par les mesures contre la contagion.
La Chine absorbe un cinquième de la production pétrolière des six nations du Golfe où au moins 115 cas de nouveau coronavirus ont été détectés.
Ces cas concernent pour la plupart des personnes revenant de pèlerinage en Iran, pays particulièrement touché par l’épidémie au Moyen-Orient et dont le bilan –43 morts selon les autorités– est le plus lourd après celui de la Chine.
Au cours du week-end, la plupart des pays du Golfe ont annoncé des mesures pour empêcher la propagation du virus, limitant les déplacements. L’Arabie saoudite, qui n’a annoncé aucun cas d’infection, a interdit vendredi aux ressortissants des pays du CCG d’entrer dans ses villes saintes, La Mecque et Médine.
Le royaume avait déjà annoncé jeudi la suspension « temporaire » de l’entrée des pèlerins se rendant à La Mecque pour réaliser la « Omra », le petit pèlerinage, une décision d’une ampleur sans précédent qui risque de priver l’Arabie saoudite d’importants revenus. La question se pose désormais quant à la tenue du hajj, le grand pèlerinage, un des cinq piliers de l’islam, prévu entre fin juillet et début août cette année.
Dans le rouge
La place boursière du Koweït a suspendu ses échanges après avoir perdu 10% à la suite de l’annonce dimanche matin d’un nouveau cas de la maladie Covid-19 dans le pays, portant le nombre total de personnes infectées dans le pays à 46, le plus élevé du Golfe.
En raison de jours fériés, la Bourse du Koweït n’avait ouvert que dimanche et lundi la semaine dernière.
Dans le Golfe, les échanges doivent être suspendus en cas de baisse de 10% ou de hausse de plus de 15%.
Aux Emirats arabes unis, où 21 cas de personnes infectées ont été recensés, la Bourse de Dubaï chutait de 4,4%. Sa voisine d’Abou Dhabi a aussi plongé, perdant 3,2% à la mi-journée.
Quelque 41 cas de nouveau coronavirus ont été recensés à Bahreïn, où la Bourse a perdu un peu plus de 3,6%.
La place de Mascate, capitale d’Oman où six cas ont été recensés, a elle reculé de 1,2%.
Les économies du Golfe souffraient déjà de la baisse des prix du pétrole à laquelle elles tentent de faire face en réduisant leur production et en se diversifiant.
La semaine dernière, le baril de référence aux Etats-Unis, le WTI, a perdu 16,1%, s’établissant vendredi à 44,76 dollars tandis qu’à Londres, le baril de Brent chutait de 13,6%, finissant la semaine à peine au-dessus de la barre critique des 50 dollars.
Source: AFP