Le président des États-Unis Donald Trump s’est entretenu, mardi 3 mars, par téléphone avec le chef politique des talibans, évoquant une «longue» et «bonne» conversation, quelques jours après la signature d’un accord historique devant aboutir au retrait des troupes américaines d’Afghanistan.
Cet échange direct entre le locataire de la Maison-Blanche et le mollah Abdul Ghani Baradar intervient alors que les insurgés ont repris leur offensive contre les forces afghanes.
Ces attaques contre des bases militaires, intervenues à l’issue de neuf jours de trêve partielle, suscitent des interrogations sur la stratégie des talibans et leur volonté réelle de discuter avec le gouvernement de Kaboul.
S’il est resté évasif sur le fond, le président américain a affiché son optimisme sur la suite du processus. «Nous avons eu une très bonne conversation», a-t-il déclaré depuis les jardins de la Maison-Blanche.
Interrogé sur le fait de savoir si cet échange téléphonique avec le mollah Baradar, principal négociateur du processus de Doha, était le premier, M. Trump a refusé de se prononcer, mais insisté sur la teneur positive de leur conversation.
«Ma relation avec le mollah est très bonne», a-t-il affirmé. «Ils veulent mettre fin à la violence», a-t-il poursuivi.
«Je pense que nous avons tous un intérêt commun», a-t-il encore dit, se félicitant une nouvelle fois de l’accord conclu à Doha. «Nous sommes là-bas depuis 20 ans. D’autres présidents ont essayé et ils n’ont pas réussi à obtenir ce type d’accord».
Libération de 5.000 prisonniers?
La diminution des combats avait été imposée par Washington aux insurgés en tant que préalable à un accord signé samedi 29 février à Doha, dans lequel les États-Unis se sont engagés à un retrait complet des troupes étrangères d’Afghanistan dans les 14 mois en échange de garanties des rebelles.
Parmi celles-ci, les talibans ont accepté de participer à un dialogue inter-afghan avec le gouvernement afghan, son opposition et la société civile afin de tenter de s’entendre sur l’avenir du pays. Ces pourparlers doivent démarrer le 10 mars.
Selon un communiqué publié par les insurgés, M. Baradar a demandé à M. Trump de «prendre des mesures claires» concernant le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan.
Le Pentagone a reconnu lundi qu’il ne s’attendait par à un arrêt total des violences. «Je mets en garde les gens qui pensent qu’il y aura une cessation absolue des violences en Afghanistan», a déclaré le général Mark Milley, après un attentat ayant fait trois morts dans l’est du pays.
Autre complication, le président afghan a rejeté dimanche l’un des principaux points de l’accord signé samedi à Doha par Washington et les insurgés : la libération de jusqu’à 5000 prisonniers talibans en échange de celle de jusqu’à 1000 membres des forces afghanes détenus par les rebelles.
Dans son échange avec M. Trump, M. Baradar a, selon la transcription du groupe, demandé à Trump de «ne laisser personne prendre des mesures qui enfreignent les termes de l’accord».
Les talibans font désormais de cette mesure un préalable à tout démarrage des discussions inter-afghanes, a déclaré mardi à l’AFP Suhail Shaheen, porte-parole du groupe.
Source: Avec AFP