En cas de conflit entre les États-Unis et la Russie, la Turquie risque sans doute plus que beaucoup d’autres pays, 50 à 90 bombes atomiques B-61 sur les 200 engins déployés par l’Otan en Europe étant stockées sur la base turque d’Incirlik, préviennent des experts.
Les récentes déclarations du président américain élu Donald Trump sur la nécessité de renforcer le potentiel nucléaire des États-Unis et celles du président russe Vladimir Poutine au sujet du remplacement des armes nucléaires tactiques américaines en Turquie, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas ont relancé les débats sur l’arsenal nucléaire de l’Otan stocké sur la base turque d’Incirlik.
« On assiste à présent à la modernisation de l’arme nucléaire au lieu de son retrait de la base militaire turque d’Incirlik », a déclaré à Sputnik le directeur du Centre d’études économiques et de politique extérieure de Turquie, Sinan Ulgen, auteur de plusieurs articles sur les armements nucléaires.
Et d’ajouter que si même cette arme nucléaire devait être sortie du territoire turc, cela demanderait une année voire deux. L’expert a rappelé que l’arme nucléaire se trouvait en Turquie depuis la fin de la guerre froide conformément à la doctrine américaine de dissuasion.
« Le retrait de l’arme nucléaire du territoire turc ne sera possible qu’à la conclusion d’un large accord de désarmement nucléaire entre Washington et Moscou. Pourtant, après la récente déclaration de Donald Trump, une telle évolution des événements est très peu probable dans un avenir proche », a estimé l’interlocuteur de l’agence.
L’amiral à la retraite Turker Erturk, ancien chef de l’École navale militaire de Turquie, a déclaré à Sputnik que, de toute évidence, Donald Trump allait poursuivre la politique américaine d’un monde unipolaire.
« Aussi, sa déclaration sur l’extension du potentiel nucléaire des États-Unis n’a-t-elle surpris personne », a indiqué M. Erturk. Et de rappeler qu’Ankara ne contrôlait pas l’arme nucléaire américaine stockée sur sa base d’Incirlik.
« La Turquie ne peut pas s’en servir pour se défendre, mais peut bien, en revanche, se transformer en cible d’une attaque en cas de confrontation entre les États-Unis et la Russie. Par conséquent, la menace que représente cette arme nucléaire tactique pour la Turquie est bien supérieure à son utilité pour notre pays », a relevé l’interlocuteur de Sputnik.
Selon ce dernier, les États-Unis ne cachent pas que, dans le cadre de leur nouvelle conception, là où des armes conventionnelles étaient utilisées par le passé, une arme nucléaire tactique le sera désormais.
« Si cela se produit, la Turquie pourrait souffrir des résidus radioactifs, et les conséquences pourraient en être des plus imprévisibles. Malheureusement, ce danger et l’envergure effective de la menace pesant sur la Turquie ne préoccupent visiblement personne », a déploré l’expert.
Source: Sputnik