Trains et autocars pris d’assaut, embouteillages sur les routes: après deux mois de bouclage pour cause de coronavirus, la province chinoise du Hubei (centre) a commencé mercredi à ouvrir ses portes.
Devant la gare de Macheng, une ville de 800.000 habitants, une foule accompagnée d’enfants faisait la queue sous la pluie pour pouvoir acheter un billet et quitter la province, de facto coupée du reste du pays depuis fin janvier.
Les autorités locales n’ont pas autorisé une équipe de l’AFP arrivée sur place à sortir de la gare pour interroger les voyageurs.
Le gouvernement chinois a annoncé mardi que les restrictions aux déplacements seraient levées sous certaines conditions à partir de minuit (16H00 GMT) pour tout le Hubei, à l’exception de son chef-lieu, Wuhan, où le nouveau coronavirus a fait son apparition fin 2019, avant de se répandre dans le monde entier.
La quarantaine de la ville de 11 millions d’habitants ne sera levée que le 8 avril.
La province, qui compte plus de 50 millions d’habitants, a de loin été la plus touchée par l’épidémie qui a tué près de 3.300 personnes en Chine, sur plus de 80.000 cas de contamination.
Le bouclage de la province est survenu juste avant le long congé du Nouvel an chinois, au moment où des millions de travailleurs migrants, employés dans les grandes villes de l’est ou du sud du pays, étaient rentrés dans leur province d’origine.
‘Coincé’
Résultat, des milliers de migrants attendent désespérément de pouvoir retourner sur leur lieu de travail, dont leur famille dépend pour sa subsistance.
A Huanggang, une ville de 7 millions d’habitants parmi les plus touchées par l’épidémie, des travailleurs chargés de bagages attendaient de pouvoir monter dans des autocars quittant la province, selon des images diffusées par l’agence Chine nouvelle.
Un travailleur non identifié a expliqué à l’agence de presse officielle qu’il retournait à Wenzhou, une ville côtière de l’est du pays.
« ça fait deux mois que suis coincé à la maison ici au Hubei », a-t-il déclaré.
Outre le transport ferroviaire et routier longue distance, trois aéroports provinciaux devaient rouvrir leurs portes mercredi, mais pas celui de Wuhan.
Les autorités ont précisé que seules pourraient circuler les personnes en bonne santé — ce qui doit être certifié électroniquement par un code QR de couleur verte enregistré dans leur téléphone.
Les trains devraient être autorisés à déposer des passagers à Wuhan dès ce samedi.
S’il est encore interdit de quitter la ville, une trentaine de voies d’accès menant à Wuhan ont été rouvertes mercredi aux automobilistes disposant d’un code vert, selon les médias chinois, qui ont diffusé des images de longs embouteillages sur les routes.
Certains habitants empêchés depuis deux mois de regagner la province ont pu le faire dès mercredi matin.
Longue absence
Une enseignante du nom de Guo Wei a expliqué à l’AFP qu’elle avait acheté à Pékin le premier billet de train disponible qu’elle avait pu trouver, avant de descendre en gare de Macheng.
C’est la première fois depuis la mise en quarantaine de la province qu’elle retourne sur place.
« ca a été très dur », a-t-elle confié.
Dans tout le pays, aucun nouveau cas de contamination d’origine locale n’a été détecté au cours des dernières 24 heures, mais 47 cas « importés » de l’étranger ont été identifiés, portant le total à 474.
Quatre décès supplémentaires ont été signalés, dont trois dans le Hubei.
La contagion a considérablement diminué au cours du mois écoulé en Chine, au point que le pays est passé derrière l’Italie en termes de nombre de morts.
Ce qui fait craindre une seconde vague de contamination en Chine par des cas importés. De nombreuses villes ont mis en place des règles strictes de mise en quarantaine des nouveaux arrivants.
C’est le cas de Pékin, qui continue à exiger une mise en quarantaine de 14 jours pour tous les visiteurs venant de l’étranger ou d’une autre province. Les personnes venant du Hubei restent entièrement interdites d’entrée dans la capitale.
Source: AFP