Le président irakien Barham Saleh a annoncé jeudi avoir chargé le chef du renseignement, Moustafa al-Kazimi, de former un gouvernement après que l’ex-gouverneur de Najaf, Adnane Zorfi, a jeté l’éponge, poussé vers la sortie par un rare consensus politique contre lui.
M. Kazimi, 53 ans, accepté à l’inverse dès avant sa nomination par la quasi-totalité des partis.
Selon l’AFP, il a longtemps été vu comme l’homme des Américains en Irak avant de réchauffer ses relations avec le grand ennemi de Washington, Téhéran, principale puissance agissante en Irak.
Depuis plusieurs jours, les réunions au sommet se sont multipliées. La semaine dernière, le général iranien Esmaïl Qaani, émissaire en charge des affaires irakiennes depuis l’assassinat du général Qassem Soleimani début janvier, avait même fait le déplacement à Bagdad pour réunir les chefs de partis et discuter d’un remplacement de M. Zorfi.
Et, mercredi, les deux grands partis kurdes ont annoncé que si jamais ce dernier se retirait, leur soutien à M. Kazimi était acquis.
Son nom avait déjà été évoqué de nombreuses fois. Après la victoire sur le Daech en 2017, il a été l’un de ceux proposé par le grand ayatollah Ali Sistani. Il apparaissait alors logique que le chef du renseignement –nerf de la guerre contre les jihadistes takfiristes– préside à la reconstruction du pays.
Après les législatives de 2018, Adel Abdel Mahdi lui avait finalement été préféré, de nombreux partis et factions chiites rejetant l' »homme de Washington » à Bagdad.
Mais M. Abdel Mahdi a démissionné depuis plus de quatre mois déjà. Et M. Kazimi, un ancien éditorialiste et avocat des droits humains, a su retrouver le chemin de Téhéran même s’il revient de loin.
Troisième essai transformé ?
Outre l’oreille de Washington, M. Kazimi a en main deux autres atouts du jeu irakien: celles de Téhéran et de Ryad, dont le prince héritier, Mohammed Ben Salmane, est un ami personnel.
Avant lui, deux hommes se sont cassés les dents sur la mission: Mohammed Allawi avait échoué à obtenir le quorum pour un vote de confiance au Parlement et M. Zorfi a jeté l’éponge sans avoir même pu convoquer les députés ou présenter ses ministres.
M. Kazimi a désormais 30 jours pour soumettre un cabinet au Parlement, dont les modalités de réunion sous couvre-feu sont encore à déterminer.
« Tout ça est réglé. Sous trois semaines, il y aura une liste de ministres et un programme », assure, catégorique, une source proche des négociations.
Pas si vite, répondent les sceptiques, habitués des nombreux épisodes de procrastination politique en Irak. M. Kazimi pourrait aussi être emporté par la vague du débat sur le départ des Américains d’Irak, la pandémie de Covid-19 qui menace d’achever un système de santé à genoux ou la fonte des réserves en dollars du pays.
Alors, prédisent déjà certains, M. Abdel Mahdi prolongerait son mandat une fois de plus.
Source: Avec AFP