Un pays sanctionné pendant plus de quatre décennies par les « meilleures armées du monde » pourrait-il en développer une de sorte à surprendre des puissances qui lui imposent ces sanctions ?
À regarder le tout dernier rapport de Global Firepower, la réponse est affirmative.
L’armée iranienne vient de passer, suivant un rapport sorti des labos de recherche des pays ennemis, de la 23e place en 2016 à la 21e place en 2017 puis au 14e rang en 2020 en raison de la fabrication locale et de la vitesse de sa production en chaîne d’équipements militaires.
Le rapport ne tient évidemment pas compte des exploits des armements iraniens dont certains sont parvenus pas plus tard qu’en 2019 à mettre au pas les « bijoux du complexe militaire US », ni non plus du fait que l’embargo sur la vente d’armes à l’Iran expire en octobre et que l’Iran compte bien démocratiser celles des armes qui ont fait plus de mal à l’Empire.
La levée des sanctions sur la vente à l’Iran expire en octobre 2020 et les USA en sont déjà malades. Pourquoi ?
« L’Iran est sur le point de développer un concept nouveau de l’armée de l’air »
Mais il y a une partie de l’armée iranienne qui étonne le plus puisque directement victime des sanctions : l’armée de l’air.
« Les spécialistes iraniens sont parvenus à concevoir et à produire des équipements modernes et sophistiqués dont le char Karrar, mais aussi, et surtout le chasseur Kosar tout comme le système de défense aérienne Bavar 373. Ces deux éléments sont en rapport direct avec une industrie qui ne serait vivre sans l’appui direct des pays puissants comme les États-Unis ou les pays européens.
Au sein de l’armée iraniennes, quatre puissants bras terrestre, aérien, maritime et de défense aérienne sont présents.
Les forces terrestres de l’armée disposent de 2056 chars, 4300 véhicules de transport de troupes (VTT), plus de 2500 systèmes automoteurs et 1.935 systèmes de missiles, dit le texte avant de s’intéresser à la flotte aérienne iranienne.
‘Jusqu’à la fin 2020, l’aviation iranienne disposera de 509 chasseurs dont 155 avions d’interception, 23 chasseurs consacrés aux frappes air-sol, 62 avions de transport et 94 avions de formation et d’entraînement ; ces chiffres sont approximatifs, car les spécialistes de l’armée de l’air iranienne sont devenus ‘autosuffisants’ dans le domaine de la production de chasseurs, il y a quelques années.
Outre cela, l’aviation iranienne dispose de 100 hélicoptères, dont 12 hélicoptères de combat ».
The National Interest évoque ce rapport et le commente en ces termes : « Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre, un gouvernement tente de suivre sa propre voie dans la conception d’une force aérienne et sa doctrine en s’affranchissant des conventions établies jusqu’ici.
L’Iran tente d’avoir une force aérienne d’un style propre aux moyens et à l’esprit [de son pays] pour contenir les forces armées ennemies qui vantent « l’avantage technologique de leurs aéronefs ».
Est-il possible pour un État en quasi-autarcie et sous sanctions draconiennes puisse développer une force aérienne capable de contenir la première et la plus puissante aviation de combat de la planète ?
C’est la problématique que tente de résoudre Téhéran et dont il s’est montré bien capable à travers son secteur missile ».
L’avion Saeqeh
« L’armée de l’air iranienne a réussi, bien que largement sanctionnée, le développement de plusieurs modèles d’avions de combat, fabriqués ces dernières années et on pense plus particulièrement au HESA Saeqeh (Thunderbolt). C’est un avion qu’on juge supérieur au F-18 Hornet américain. « Saeqeh » (Tonnerre en persan) a été présenté, en 2004, à la télévision publique iranienne. Il ressemblait à un F-5 mais avec deux stabilisateurs de queue verticaux au lieu d’un, inclinés vers l’extérieur comme ceux du F-18 Hornet. C’est une intéressante innovation qui permet d’élargir l’endurance de l’appareil.
Les Saeqeh disposent également de virures d’aile supplémentaires. En plein exercice militaire en 2007, l’avion a tiré des missiles et des roquettes sur des cibles, ce qui a prouvé ses réelles capacités sur le champ de combat ».
The National Interest ajoute ensuite que les stabilisateurs à double queue du Saeqeh offrent de meilleures performances de virage et de décollage que le F-5E, ce qui en fait un avion «bas et lent» supérieur : « Le Saeqeh a un système de navigation et de contre-mesures de production nationale ainsi que de nouveaux instruments de poste de pilotage. Mais la chose la plus caractéristique est que l’appareil est doté d’un radar APG-159 « iranisé ». Le concepteur iranien improvisé avec des composants iraniens, ce qui nous renvoie au projet de radar iranien Ofogh («Horizon») de 1999 lequel projet a permis de doubler la portée du radar APQ-159 du F-5 de 32 km à 36 km.
Quant aux moteurs de Saeqeh, ils restent aussi pour nous les Américains un mystère. Le Saeqeh a été déployé dans une unité opérationnelle, le 23e escadron d’appui tactique, basé à Tabriz, dans le nord-ouest de l’Iran où il a mené des missions de reconnaissance. C’est donc à la fois un avion de reconnaissance et de combat ».
Pour The National Interest, ce serait cette même expérience acquise dans le cadre du programme Saeqeh qui a permis aux Iraniens de « multiplier les activités dans le secteur de l’industrie aérienne » qui a produit le chasseur furtif Kowsar ou encore l’avion d’entraînement Yassin.
Sous-estimer les évolutions de l’industrie iranienne
« Cette expérience acquise au gré de longues années d’efforts pourrait être utilisée pour un « tout nouveau concept tel celui du chasseur furtif supersonique Shafaq ».
L’Iran nous a promis des surprises en annonçant un prototype de Shafaq lequel serait bientôt mis à l’essai.
Au fait, on a trop tendance en Occident à prendre à la légère les évolutions de l’industrie aérienne iranienne, par orgueil voire par outrecuidance.
Mais qu’on suit de plus près le parcours des Iraniens, il faut faire preuve de plus de modestie.
Après tout les Chinois ont aussi commencé par là et on ne cesse d’être surpris par eux. Cela montre que l’investissement iranien dans le secteur de la construction d’avions militaires nationaux a porté ses fruits et qu’il faut s’attendre à des surprises autres que celles que nous avons vécues en juin quand une batterie de missiles antimissiles Khordad 3 a abattu un Global Hawk américain.
Surtout que quelques mois plus tard nos Patriot n’ont pas pu en faire autant face aux drones yéménites ayant attaqué le site pétrolier saoudien Aramco ».
Source: Avec PressTV