Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a été mis en cause par le Premier ministre Hassan Diab, mercredi 22 avril, qui a dénoncé le manque de coordination entre la Banque Centrale et les autorités politiques face à la crise économique et la chute de la livre libanaise face au dollar.
Salamé, qui ne fait aucun doute sur son objectif de faire chuter systématiquement la livre libanaise, a refusé avec arrogance d’intervenir pour stopper la dépréciation de la monnaie nationale, rapporte ce vendredi 24 avril le quotidien libanais AlAkhbar.
« Je ne peux pas intervenir, je n’ai pas d’argent liquide », a-t-il répondu à M.Diab qui lui a demandé d’ « injecter un milliard de dollars pour stopper l’effondrement de la livre ».
Pour M.Salamé, « les gens devraient s’habituer à la hausse des prix, ils survivraient et personne n’aurait faim».
Salamé lui-même a été plus franc lors d’un appel téléphonique avec l’un des politiciens qui l’a également incité à réviser sa politique financière catastrophique, le pressant à injecter 500 millions dollars sur le marché afin de juguler la crise.
« Je ne peux pas utiliser l’argent cash sur le marché des changes, car les Américains poseront des questions sur leur destination », a révélé Salamé qui exécute vraisemblablement l’agenda américain.
Rappelons qu’il y a trois mois, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, avait promis un effondrement financier majeur au Liban.
Pompeo, dont le pays est secoué par la propagation du coronavirus, a réitéré cette position, lors d’une déclaration accordée, jeudi 23 avril, au quotidien libanais An-Nahar.
Il évoqué « un lien entre l’aide US à la prospérité financière du Liban et la position officielle du gouvernement libanais envers la Résistance (Hezbollah) ».
Manifestation contre Salamé
Jeudi, plusieurs centaines de personnes se sont réunies devant le siège de la Banque du Liban (BDL) situé dans le quartier de Hamra à Beyrouth pour protester contre la chute de la livre libanaise face au dollar, a rapporté le site Libnanews.
La parité entre Livre Libanaise et dollar a même atteint jeudi 23 avril son plus bas historique, à 3 850 LL/USD à la vente.
Les manifestants ont défilé sous le slogan “À bas le pouvoir des banques”, allusion également au contrôle des capitaux unilatéralement mis en place par l’association des Banques du Liban dès novembre dernier alors que le Liban connaissait une importante crise de liquidité en devises étrangères, toujours pas résolue pour l’heure.
Il ne s’agit pas de la première manifestation à proximité de la banque centrale. Depuis la nuit du 17 au 18 octobre 2019, de nombreuses manifestations ont été organisées notamment contre la Banque centrale et son gouverneur Riad Salamé accusé d’avoir, avec certains politiciens corrompus, mené le Liban à la banqueroute financière.
Cette information intervient également alors que la Banque du Liban a publié 2 nouveaux circulaires ce mois-ci, permettant le retrait de fonds de comptes libellés en dollar contre des livres libanaises “au taux du marché”, une nouvelle plateforme mise en place par la BDL, l’Association des Banques du Liban et le syndicat des agents de change dont la parité est de 2 600 LL/USD.
Cependant, ces décisions ont augmenté encore la pression sur la monnaie locale, de nombreuses personnes ayant retiré leur livres pour les échanger contre des dollars au marché noir.