Ce n’est certes pas par hasard que l’Arabie saoudite a décidé l’abolition de la flagellation de son système pénal alors qu’une nouvelle victime vient de succomber dans ses prisons pour des raisons politiques.
Son annonce intervient au lendemain de l’annonce de la mort d’un opposant et grand militant des droits de l’Homme, Dr. Abdallah al-Hamed.
Il est décédé en prison, ont rapporté des militants saoudiens et Amnesty International, sans préciser la date de son décès.
Condamné à 11 ans de prison depuis 2013, ce docteur en Lettres âgé de 69 ans aurait été victime d’une attaque cérébrale dans sa cellule.
Il avait contracté un AVC le mois de mai dernier et était entré dans le coma, indiquent plusieurs groupes de défense des droits humains, dont Amnesty International.
Négligence médicale
M. Hamed était l’un des fondateurs de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), un important groupe de défense des droits humains fondé en 2009 et dissous en 2013. .
D’autres membres d’ACPRA ont également été emprisonnés par le passé, dont l’un des co-fondateurs du groupe, Mohammad al-Qahtani, condamné en 2013 à 10 ans de prison, a indiqué Amnesty.
Les partisans de la victime accusent les autorités saoudiennes de négligence médicale ayant causé sa mort prématurée. Lors de l’attaque, ses geôliers l’auraient abandonné pendant plusieurs heures dans sa cellule avant de l’hospitaliser. Les prisonniers d’opinion en Arabie sont victimes de violations de leurs droits les plus élémentaires. Quand bien même ils ne sont pas condamnés à mort, de nombreux d’entre eux finissent par périr en prison. Surtout les détenus âgés et souffrant de maladies chroniques.
Pour une monarchie constitutionnelle
Officiellement, les autorités saoudiennes avaient accusé Dr. Hamed d’avoir « rompu l’allégeance » au roi saoudien, « incité au désordre » et d’avoir cherché à déstabiliser la sécurité de l’Etat, d’après Amnesty.
Hamed critiquait surtout la monarchie absolue et réclamait ainsi que 100 autres personnalités saoudiennes une monarchie constitutionnelle.
Durant sa vie de « militant intrépide et brave » selon Amnesty, il a été arrêté 7 fois.
Né en 1950, il a obtenu son doctorat en littérature arabe de la faculté des Lettres de l’université al-Azhar en Egypte. Il a enseigné à l’Université l’Imam Ahmad ben Saoud avant de devenir le doyen de l’Institut de l’enseignement de la langue arabe à Riyad.
Son ouvrage « les droits de l’Homme dans l’Islam » est le plus important en tant que militant.
Il y réclame la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et juridique et plaide en faveur de la lutte contre la corruption et de l’indépendance de la Justice.
Système politique des plus archaïques et les plus sanguinaires du XXIème siècle, surtout avec l’avènement du roi Salmane et de son fils le prince héritier Mohamad ben Salmane, le royaume wahhabite fondé avec le soutien de la Grande Bretagne et protégé par les Etats-Unis manie très bien les manigances médiatiques les plus machiavéliques. D’autant qu’il recrute les agences de relations publiques américaines pour redorer son image devant l’opinion publique internationale et cacher son registre criminel contre ses opposants.
Le camouflage médiatique
L’annonce de son intention d’abolir la flagellation, peine appliquée dans des cas de meurtre d’atteinte à l’ordre public et de relation extra-conjugales devrait camoufler l’information de la mort du militant saoudien.
Relevant du même domaine, celui des droits de l’homme, et alors qu’elle n’est pas encore officielle, elle a été propagée par Awad Al-Awad, le président de la commission des droits humains, un organisme gouvernemental. Il en a profité pour se féliciter des soi-disant « pas en avant du royaume en en matière des droits humains ». Les médias saoudiens se sont chargés du reste.
Source: Divers