Le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, a nié toute activité de son mouvement en Allemagne, condamnant la perquisition des mosquées et les domiciles de certains libanais sous prétexte de soutien au Hezbollah, assurant que « la décision de Berlin est une soumission à la volonté des Etats Unis et vise à satisfaire Israël ».
« Le gouvernement allemand ne détient aucune preuve sur les soi-disant activités du Hezbollah sur le territoire allemand », a assuré Sayed Nasrallah, lors d’un discours, ce lundi 4 mai, retransmis par la chaine AlManar.
Et d’ajouter : « le Hezbollah n’a aucune organisation affiliée ni en Allemagne, ni en France, ni ailleurs dans le monde… Il s’agit d’une guerre psychologique qui ne nous découragera pas de continuer sur la voie de la Résistance ».
Ailleurs dans son discours, le numéro un du Hezbollah a abordé la crise monétaire et les derniers développements sur la scène politique au Liban.
Voici les principaux points de son discours :
Je voudrais parler de la décision allemande d’interdire les activités du Hezbollah sur son territoire, et aborder la situation monétaire et économique au Liban et les derniers développements sur la scène politique.
Une guerre psychologique
La décision allemande était prévue, elle a été précédée par des mesures similaires adoptées par certains pays européens et sera suivie par d’autres. Il s’agit d’une décision purement politique de la part de Berlin qui s’est soumis à la volonté des Etats Unis et vise à satisfaire ‘Israël’.
Le Hezbollah ne possède aucune organisation affiliée ni en Allemagne, ni en France, ni ailleurs dans le monde. Lorsque nous disons que nous ne sommes pas actifs en Allemagne, nous sommes sincères. L’Allemagne n’a présenté aucune preuve sur l’implication du Hezbollah dans des activités sur son sol. Il s’agit d’une guerre psychologique visant à resserrer l’étau sur les mouvements de la Résistance dans la région.
Les Libanais en Allemagne ou dans n’importe quel pays sont partisans de la Résistance à l’occupation, et n’ont aucune relation organisationnelle avec le Hezbollah. Ils peuvent avoir des activités religieuses ou autres dans le cadre de la loi. Les perquisitions menées par les services de sécurité dans les mosquées sont condamnables. Il n’y avait nullement besoin de toutes ces pratiques brutales. Les gens accusés de soutenir le Hezbollah sont ceux qui respectent le plus la loi allemande.
Depuis plusieurs années, nous sommes parvenus à la conviction de ne pas entretenir des relations organisationnelles avec les Libanais à l’étranger pour ne pas les mettre en danger.
Les Libanais en Allemagne ne doivent pas s’inquiéter car ils n’ont pas violé la loi et ces mesures doivent être confrontées en saisissant la justice.
Sur ce point, j’appelle le gouvernement libanais et notamment le ministère des Affaires Etrangères à assumer leur responsabilité.
Enfin, je voudrais remercier les gouvernements- qui ne sont pas nombreux- les mouvements, les personnalités et tous ceux qui ont condamné la décision du gouvernement allemand. Ceci n’affectera pas notre volonté et ne nous découragera pas à poursuivre la voie de la résistance et à lutter contre les plans hégémoniques des USA et d’Israël.
Situation économique au Liban
-Plan de réformes
Le plan de réformes du gouvernement, présenté en un laps de temps, malgré la préoccupation de tous dans la lutte contre le coronavirus est un point positif pour le gouvernement. Ce plan constitue une première étape d’un long chemin nécessitant un consensus nationale. C’est un projet portant une vision sur la base duquel il faut pouvoir discuter dans un esprit positif afin de sauver le pays.
Nous participerons à la réunion des blocs parlementaires, convoquée par le président Michel Aoun, et nous appelons à la participation la plus large pour que tout le monde puisse formuler ses remarques, pouvant aller jusqu’à des amendements à ce plan, en cas de besoin. Toutes les parties sont invitées à traiter ce plan de sauvetage de manière positive, loin des différends politiques, afin de surmonter la crise économique. De la même manière que les Libanais avaient agi et s’étaient unis pour lutter contre le coronavirus.
Sur le principe, nous ne sommes pas contre le fait que le Liban demande une coopération ou une aide à qui que ce soit. La logique veut que le gouvernement mène des discussions pour connaître leurs conditions et leurs programmes.
-Le FMI
En principe nous ne sommes contre la demande d’assistance internationale, mais nous sommes opposés à toute soumission et capitulation au Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement est prêt à discuter de cette question et ce n’est pas une soumission totale au FMI. Nous devons être vigilants, nous devons discuter point par point du plan de demande d’aide. Nous allons débattre de cette affaire et de ses conditions. Il s’agit d’une question délicate qui nécessite un débat minutieux.
-Secteur bancaire
Durant les dernières semaines, certains ont accusé le Hezbollah de vouloir détruire ou de prendre le contrôle du secteur bancaire. Toutes ces accusations sont infondées et visent à induire en erreur l’opinion publique. Or, le secteur bancaire a commis beaucoup d’erreurs.
Depuis 1982, nous ne nous sommes jamais approchés de ce secteur, sauf dans trois cas :
-lorsque ces banques se sont pliés aux sanctions américaines et ont banni les comptes liés au Hezbollah ou à ses organisations. Elles ont été plus royalistes que le roi, que les Américains. Au moment où les Américains demandaient de fermer cinq comptes, eux en ont fermé une cinquantaine.
-Nous avons critiqué la saisie des dépôts bancaires des citoyens (1 million et 700 mille comptes) et leur humiliation par ces banques. On a parlé, comme beaucoup, en leur nom. Vous devrez trouver les procédures pour restituer aux gens leurs droits.
– Les banques sont les principales bénéficiaires des politiques financières depuis 1993 et pourtant, elles n’ont pas agi pour aider le pays en cette période difficile. Vous n’avez rien présenté pour aider votre pays.
Certains même ont fait circuler des accusations ridicules comme quoi le Hezbollah voudrait prendre le contrôle du gouvernorat de la Banque du Liban. Ceci est une mascarade, nous ne cherchons point à dominer les banques et ça ne nous regarde pas. Ce monde basé sur les intérêts et les prêts à intérêts est illégitime sur le plan religieux.
Taux de change
Le Hezbollah n’a aucune activité sur le marché des taux de change et nous appelons ceux qui travaille dans ce secteur au respect de la loi, et à ne pas faire partie à la hausse vertigineuse du dollar face à la livre libanaise et à cesser ce jeu qui se déroule au détriment de la société.
(Avec un ton ironique, Sayed a dit que) certains accusent le Hezbollah d’acheter les billets verts pour les transférer en Iran ou en Syrie. Toutes ces accusations sont des mensonges qui cherchent à nous imputer la hausse du prix du dollar.
La hausse des prix
La hausse des prix et le monopole relèvent de la seule responsabilité du gouvernement. Le ministère de l’économie est incapable à lui seul de supporter ce fardeau.
Il y a des commerçants avides qui pratiquent le monopole, ce qui entraîne la hausse des prix et la pénurie de certains produits. Le gouvernement doit lancer un plan d’urgence pour freiner la hausse galopante des prix. On ne peut pas attendre jusqu’à l’approbation du plan des reformes, ou les résultats des négociations avec le FMI.
Vous pouvez convoquer les fonctionnaires de l’Etat, ou même recruter des volontaires pour surveiller les prix. Le Hezbollah est prêt à fournir des bénévoles, en ce sens. Nous sommes prêts à dépêcher jusqu’à 20 mille volontaires.
Lutte contre la corruption
S’agissant de la lutte contre la corruption, nous avons mis en place en mai 2018, un comité de lutte contre la corruption. Le chef de ce comité, le député Hassan Fadlallah fera un compte rendu sur ce sujet dans les prochains jours.
Situation politique
Accorder une chance au gouvernement
J’appelle les forces politiques et les gens à accorder du temps au gouvernement. Un délai de 100 jours est insuffisant face aux grands défis auxquels fait face le Liban.
Relations entre le Hezbollah et Amal
Certaines parties politiques à l’étranger et au Liban s’attellent à propager des rumeurs dans l’objectif de semer la division entre Amal et le Hezbollah. Je leur dit que cela n’aura pas lieu. La relation entre nous deux sert l’intérêt national et favorise l’intérêt de la Résistance et du Liban, comme l’a dit le chef du parlement Nabih Berri.
Réduire les tensions politiques
Nous ne voulons aucun problème dans le pays, surtout en cette période difficile, pour sauver le pays. Les relations politiques doivent s’apaiser.
En ce mois béni de Ramadan, le Hezbollah est prêt à apporter son aide pour réduire les tensions entre les différentes parties politiques. Il ne faut pas se fier à certains pays étrangers. Qui sait, peut-être ces pays là auront besoin de l’aide, après les répercussions de la propagation du coronavirus et de la chute des prix du pétrole.
Source: Al-Manar