Les autorités libanaises ont arrêté le président du syndicat des changeurs, dans un contexte de chute libre de la livre libanaise face au dollar dans les bureaux de change, a indiqué vendredi 8 mai à l’AFP une source sécuritaire.
« Le président du syndicat des bureaux de change Mahmoud Mrad a été arrêté (jeudi) sur décision du procureur financier » après avoir été accusé par la justice d’opérations ayant mené à de « fortes spéculations sur la livre libanaise », a précisé cette source selon laquelle l’enquête est toujours en cours.
« Au cours des deux dernières semaines, environ 50 changeurs ont été arrêtés », a-t-elle ajouté. Ceux opérant dans la légalité ont « signé un engagement consistant à ne plus manipuler le taux de change puis ont été libérés, tandis que les changeurs illégaux ont été déférés » devant la justice.
A partir de l’été 2019, la livre libanaise, indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres pour un dollar, a commencé à perdre de sa valeur sur le marché parallèle, dans un contexte de pénurie émergente des dollars sur le marché.
Au Liban, le dollar est utilisé au même titre que la livre libanaise au quotidien.
Ces dernières semaines, la dégringolade s’est accélérée, le taux de change atteignant un plus bas historique à plus de 4.000 livres pour un dollar.
Face à cet effondrement, la Banque centrale a émis fin avril une circulaire fixant un plafond de 3.200 livres pour un dollar sur le marché parallèle.
Malgré cette disposition et une campagne sécuritaire musclée contre plusieurs bureaux –ayant suscité l’ire du syndicat des changeurs qui a annoncé une grève–, la livre libanaise se négociait encore vendredi à plus de 4.100 livres pour un dollar.
« Nous sommes obligés d’acheter des dollars sur le marché noir car nous devons sécuriser quotidiennement des billets verts (…) notamment pour les importateurs de produits alimentaires et de viande (…) », s’est justifié l’un des changeurs auprès de l’AFP.
L’accès aux comptes bancaires est très limité, en raison des restrictions draconiennes imposées dès l’automne sur les retraits et les virements par les banques, qui ne fournissent plus de dollars depuis mars.
Le pays connaît depuis des mois la pire crise économique de son histoire moderne, amplifiée par l’épidémie de Covid-19.
Fin avril, le gouvernement libanais a adopté un plan de sauvetage quinquennal et demandé l’aide du FMI.
Ce plan prévoit, selon le ministre des Finances, « l’adoption d’un taux de change flexible dans la phase à venir de manière progressive et étudiée ».
Source: Avec AFP