Les États-Unis sont en train de vivre une page fortement difficile de leur histoire. De loin en tête en termes de nombre de contaminations et de décès dus au Covid-19, le pays de l’Oncle Sam doit désormais faire face à de multiples émeutes à divers endroits du pays, le tout sur fond de tensions ethniques.
De façon générale ces émeutes n’ont rien d’exceptionnel en tant que telles – sachant qu’elles sont loin d’être les premières. En effet, sous l’administration Obama –le mandat au cours duquel plusieurs assassinats avaient été commis vis-à-vis, bien souvent, de représentants afro-américains et d’autres minorités ethniques, suite à quoi s’en étaient suivies plusieurs manifestations de citoyens US en colère. En réponse de quoi les forces de l’ordre étasuniennes n’avaient pas hésité à utiliser la violence comme moyen de réponse, y compris l’extrême.
Au-delà du fait que le pays se prétendant être le modèle parfait en termes de démocratie, de liberté et des droits de l’homme, se permettant de façon hyperactive à donner des leçons de vie à la planète entière et à se mêler des affaires intérieures d’États souverains, sans oublier évidemment les déstabilisations, les organisations de coups d’État, et bien évidemment l’intervention armée pure et simple – lorsque cela est « nécessaire », ait à utiliser un tel degré de violence contre ses propres citoyens, mais l’autre fait qui se démarque – ce sont les accusations portées par nombre de représentants de l’establishment étasunien à destination de pays étrangers – qui auraient « contribué » à ces émeutes.
Si les accusations portées par une partie de l’establishment politique et médiatique (notamment via la chaine CNN) à l’encore de la Chine, la Russie ou encore de l’Iran sont loin d’être nouvelles, le cas du Zimbabwe parait tout de même surprenant.
S’il est vrai que Harare se trouve en alliance avec les trois premiers dans les domaines politico-diplomatiques, économiques et militaires, quel intérêt aurait-elle, sérieusement parlant, à contribuer à la montée de la violence en terre étasunienne ? Revanche pour les sanctions US ? Pour les nombreuses déstabilisations intérieures orchestrées par des forces obscures liées aux États-Unis ? Tentatives américaines de faire isoler le pays ?
S’il est vrai que les raisons pour le Zimbabwe d’en vouloir les USA sont réelles et nombreuses, il est peu probable que Harare aurait une quelconque volonté de mettre de l’huile sur le feu chez l’ex-gendarme du monde – si ce n’est que de lui mettre un miroir devant ses yeux. Vraisemblablement, un miroir qui donne une migraine énorme à ceux qui profèrent ces accusations d’interférence contre les USA. Peut-être d’ailleurs que ces derniers auraient quelque chose à se reprocher ? Demain les accusations seraient-elles portées également contre Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et d’autres forces progressistes latino-américaines, voire la Syrie ou encore la Turquie ? Connaissant l’establishment US et sa mentalité – rien ne serait impossible.
Mais le mieux probablement que ces élites étasuniennes auraient à faire c’est justement et surtout de commencer à se regarder dans le miroir et comprendre à quel point leur propre société est tout sauf un exemple pour d’autres nations. D’autre part, pour les partisans de Trump s’il y a bien ceux qui essaient d’exploiter les énormes tensions actuelles, c’est surtout ses adversaires intérieurs – aussi bien ceux liés à Soros & Co., que les Clinton, Biden et Obama – de façon il est vrai totalement hypocrite sachant qu’à leur période de règne les crimes à caractère raciste étaient tout sauf moindres.
Enfin, du moment que l’establishment étasunien, dans son ensemble, ne saura accepter la réalité multipolaire du monde et leur incapacité à maintenir le diktat unipolaire, les USA continueront de s’enfoncer dans toutes les contradictions possibles – intérieures comme extérieures. Et à ce titre au lieu de maintenir des centaines de bases militaires à l’étranger, Washington ferait bien mieux de régler ses énormes problèmes intérieurs – de l’économie à la santé, des problèmes sociétaux aux conflits interethniques qui n’ont cessé d’exister au cours de son histoire tumultueuse. Des massacres des populations de souche et de la traite esclavagiste jusqu’aux lois ségrégationnistes, y compris après la seconde moitié du XXème siècle, jusqu’aux violences contemporaines.
Donc stay home and solve your problems.
Par Mikhail Gamandiy-Egorov.
Source : Observateur continental