Le gouvernement libanais a annoncé avoir convoqué, le lundi 29 juin, l’ambassadrice des Etats-Unis après ses propos déstabilisateurs, qui ont fait l’objet d’une injonction par un juge local.
Selon l’agence nationale d’information ANI dimanche, le chef de la diplomatie Nassif Hitti recevra dans l’après-midi Dorothy Shea, qui a accusé le Hezbollah « d’organisation terroriste » et d’avoir « siphonné des milliards de dollars qui auraient dû aller dans les coffres du gouvernement ».
Cette affaire a provoqué une polémique au Liban dans les rangs des pro-US après qu’un juge des référés, Mohamed Mazeh, a décidé samedi d’interdire, sous peine de sanctions, aux médias libanais et étrangers travaillant au Liban d’interviewer, durant un an, Mme Shea, ou de publier ses déclarations déstabilisatrices.
Lors d’un entretien vendredi avec une chaîne de télévision saoudienne, Mme Shea, dont le pays exerce des sanctions économiques contre les Libanais, a accusé le Hezbollah « d’entraver certaines réformes économiques dont le Liban a désespérément besoin », pour sortir du gouffre.
Une menace à notre liberté
Critiquant ces propos, un député du bloc de Fidélité à la résistance, Hassan Fadlallah, a appelé les autorités libanaises à « prendre des mesures immédiates pour contraindre cette ambassadrice à respecter le droit international ».
« Les récentes déclarations de l’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth constituent une agression flagrante contre la souveraineté et la dignité nationale de notre pays, une atteinte à son peuple, et au sang de ses martyrs qui ont libéré leurs terres et protégé leur peuple, face aux guerres américaines menées par l’intermédiaire des ennemis israéliens et takfiristes, afin que le Liban reste inscrit sur la carte des pays indépendants et libres.
La plus grande menace à notre liberté ce sont les guerres américaines contre notre région, son racisme qui se manifeste par ce qui se passe dans les rues américaines, et son soutien absolu à l’entité sioniste qui est l’opposé du Liban, pays de la diversité et de la coexistence ».
M.Fadlallah a également appelé « les autorités libanaises, dont à leur tête le ministère des Affaires étrangères, à prendre des mesures immédiates pour contraindre cette ambassadrice à respecter le droit international, qui définit les devoirs des diplomates ».
Il a en outre critiqué ceux qui se sont rangés aux côtés de l’ambassadrice américaine en s’opposant à la décision courageuse du juge. Et de conclure : « Certains au Liban n’ont pas appris de leurs expériences ratées et de leurs paris perdus sur l’administration américaine ».
Dimanche, des centaines de partisans du Hezbollah ont manifesté dans la banlieue sud de Beyrouth, en brandissant des pancartes sur lesquelles était écrit « Nous sommes tous Mohamad Mazeh » ou « Nous sommes prêts à mourir mais pas à être humiliés ».
En réaction à l’injonction du juge, le département d’Etat américain a dénoncé une tentative « pathétique » de « censure » de la part du Hezbollah.
Le juge Mazeh a réitéré sa « conviction totale » du bien-fondé de sa démarche.
Le Hezbollah a accusé récemment les Etats-Unis de chercher à affamer les Syriens et les Libanais et d’interdire l’afflux de dollars, monnaie sur laquelle est indexée la livre libanaise.
Sources: AlManar + AFP