L’Egypte et la Grèce ont signé jeudi un accord délimitant leurs frontières maritimes, a annoncé Le Caire, dans une période marquée par de vives tensions avec la Turquie autour de l’exploitation des ressources naturelles en Méditerranée orientale.
Fin 2019, la Turquie et le Gouvernement d’union nationale libyen (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, ont conclu un accord autorisant Ankara à accéder à une large zone en Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années.
Cet accord a été vivement contesté par l’Egypte, la Grèce et Chypre, qui l’ont jugé illégal et visant à imposer une domination turque dans la région.
L’accord de jeudi « autorise l’Egypte et la Grèce à aller de l’avant en tirant chacun le maximum d’avantages des ressources disponibles dans la zone économique exclusive (ZEE), notamment les réserves de pétrole et de gaz », a indiqué le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, lors d’une conférence de presse au Caire avec son homologue grec Nikos Dendias.
Cet accord est « historique », a affirmé M. Dendias. Il est « tout l’opposé » de l’accord « illégitime (…) signé entre la Turquie et Tripoli », a ajouté le ministre grec.
Ankara a immédiatement répliqué dans un communiqué.
« Le soi-disant accord maritime » signé par la Grèce et l’Egypte est « nul et non avenu », a affirmé le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, qui se trouvait en outre en déplacement ce jeudi dans la capitale libyenne.
Et « les soi-disant zones délimitées font partie du plateau continental de la Turquie », a argué M. Cavusoglu, assurant que la Turquie n’autoriserait aucune activité dans ces zones ».
Plus tôt jeudi, Athènes s’était dit prête à discuter avec Ankara des zones maritimes disputées en mer Egée, quelques semaines après un pic de tensions entre ces deux membres de l’Otan concernant l’exploration des ressources d’énergie.
Egypte, Grèce et Chypre dénoncent par ailleurs l’accord sécuritaire également signé fin 2019 entre Ankara et le Tripoli.
A la suite de ces accords, Ankara a renforcé son soutien armé au GNA, qui combat les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, pour sa part appuyé par l’Egypte mais aussi la Russie, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Source: AFP