La guerre économique contre la Chine engagée par les Etats-Unis pourrait avoir un effet boomerang pour les multinationales étasuniennes fortement dépendantes du marché chinois. C’est d’ailleurs ce que semble bien souvent oublier l’establishment US.
Après les attaques américaines visant les intérêts du géant chinois Huawei et plus récemment encore les applications TikTok et WeChat, Washington semble effectivement oublier que les grandes multinationales US fortement implantées en Chine risquent de se retrouver fortement touchées, avec à la clé d’énormes pertes financières.
Selon l’analyste Ming-Chi Kuo, plusieurs cas de figure sont possibles. L’option la plus négative pour le géant US Apple, dans le cas où ce dernier serait contraint de supprimer l’application WeChat pour ses appareils dans le monde entier, la chute des ventes d’iPhone en Chine serait de l’ordre de 25 à 30%. Pour rappel, l’Empire du Milieu à lui seul représente 20%, soit 1/5, des ventes d’iPhone au niveau mondial. Plus généralement la Chine aurait représenté 15% des revenus d’Apple au cours du dernier trimestre.
Une inquiétude partagée d’ailleurs par le média étasunien Bloomberg, qui en outre se réfère à un sondage récent indiquant clairement que les utilisateurs chinois se disent prêts à abandonner leurs iPhone du moment qu’il sera impossible d’y installer certaines applications qu’ils utilisent activement, dont WeChat.
Un signal fortement révélateur et qui confirme qu’au-delà des mesures restrictives de riposte que pourrait adopter le gouvernement chinois, la population du pays serait parfaitement encline à suivre. Et ce aussi bien pour des raisons purement pratiques, que patriotiques.
Mais au-delà des intérêts d’Apple et du secteur high-tech, d’autres domaines ne seront pas en reste: énergie, investissements, l’agroalimentaire. En ce qui concerne ce dernier secteur, l’Union économique eurasiatique se dit prête à remplacer pleinement les produits agricoles Made in USA sur le marché chinois. En effet, la part des produits agroalimentaires issus de l’UEEA ne cesse d’augmenter en Chine.
L’essentiel à retenir dans cet affrontement géoéconomique entre Washington et Pékin est que bien que le premier semble décidé à ne pas reculer dans la guerre économique l’opposant au second, il ne comprend vraisemblablement pas réellement les conséquences auxquelles devront fort possiblement faire face les compagnies US, notamment ses multinationales. Le tout à un moment où la Chine est devenue une puissance internationale incontournable, notamment via son poids économique majeur et la présence de ses intérêts aux quatre coins du monde.
Et bien que les partisans d’une ligne dure vis-à-vis de Pékin du côté washingtonien affirment que les produits des entreprises US fortement présents sur le marché chinois pourront trouver des marchés alternatifs, notamment indien, tout indique et confirme une fois de plus que la politique des sanctions tellement appréciée par les élites atlantistes, trouvera bien souvent un effet boomerang indéniable.
Les pays de l’Union européenne en savent quelque chose – depuis les sanctions visant la Russie et les contre-sanctions russes qui s’en ont suivi, les producteurs issus de l’UE de l’industrie agroalimentaire touchée par la riposte russe n’ont toujours pas réussi à pouvoir substituer de façon notable le marché russe qui leur avait été fermé depuis. Provoquant par la même occasion des multi-milliards de pertes financières annuellement.
Le souci pour l’establishment atlantiste c’est qu’il n’apprend pas grand-chose de ses erreurs et pense toujours pouvoir appliquer le schéma d’une politique unipolaire n’ayant plus de place dans le monde contemporain.
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Source : Observateur continental