Le responsable de Facebook en Inde ne s’est pas présenté mardi devant une commission parlementaire régionale à Delhi enquêtant sur le manque de réaction présumé du réseau social face aux discours promouvant la haine envers les musulmans, a annoncé le président de cette commission.
L’Inde représente le plus gros marché pour Facebook et son application de messagerie WhatsApp, en termes d’utilisateurs.
La compagnie est au cœur d’un intense débat en Inde depuis la publication en août par le quotidien américain The Wall Street Journal d’informations selon lesquelles elle aurait laissé les discours haineux envahir ses pages par complaisance envers le pouvoir indien.
Le directeur général de Facebook India, Ajit Mohan, avait été convoqué la semaine dernière devant une commission mise en place par l’assemblée régionale de la capitale, afin de déterminer si la plateforme a délibérément ignoré des discours haineux.
Cette commission, présidée par M. Raghav Chadha, un député régional du parti d’opposition Aam Admi, souhaitait également enquêter sur « le rôle et la complicité présumés » du réseau dans les violences entre hindous et musulmans qui ont ensanglanté la capitale en février.
Ces affrontements, les pires depuis des décennies entre la majorité hindoue et la minorité musulmane, ont fait plus de 50 morts, pour la plupart musulmans, et des centaines de blessés.
Mais M. Mohan ne s’est pas présenté mardi, selon M. Chadha.
« Le fait que Facebook ne se soit pas présenté devant la commission montre qu’il essaie de masquer son rôle dans les émeutes de Delhi », a affirmé M. Chadha à des journalistes, assurant qu’il y aurait une nouvelle convocation.
Selon une source du gouvernement régional de Delhi, un avocat de Facebook a argué que la convocation était « indéfendable » car l’affaire était débattue séparément par une commission parlementaire au niveau national.
Facebook n’était pas immédiatement joignable pour un commentaire mardi.
Le géant des réseaux sociaux a récemment reconnu qu’il devait améliorer son action dans la lutte contre les discours promouvant la haine en Inde.
Selon les informations publiées en août par le Wall Street Journal, Facebook a refusé, pour ne pas entraver ses affaires en Inde et malgré les signalements de ses propres employés, de fermer le compte de T. Raja Singh, un député régional du Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde.
Début septembre, la plateforme a finalement fermé ce compte pour avoir « diffusé un discours de haine » envers les musulmans.
La semaine dernière, une coalition d’associations (dont Global Project Against Hate and Extremism, Witness, le Council on American-Islamic Relations ou encore le Southern Poverty Law Center) a appelé Facebook à écarter une de ses cadres en Inde, Ankhi Das, accusant la plateforme de favoriser par son inaction l’escalade des violences contre les musulmans.
Source: AFP