Le Hezbollah oppose une fin de non-recevoir à donner son accord préliminaire aux conditions du Fonds monétaire international pour le Liban.
C’est sa principale objection aux conditions formulées par l’ex-Premier ministre et chef du courant du Futur, Saad Hariri, qui s’est porté candidat pour diriger le cabinet libanais, sans avoir encore été nommé par le chef de l’Etat Michel Aoun, pour une durée de six mois, insistant pour avoir les mains libres.
Menant ses propres tractations avec les différentes forces politiques libanaises pour scruter leur opinion sur sa candidature, Hariri a toutefois accordé au tandem chiite Hezbollah-Amal le droit de nommer les ministres chiites du gouvernement à condition qu’ils ne soient pas partisans.
Le mouvement Amal lui a déjà promis de lui accorder ses voix. Mais le Hezbollah appréhende de lui laisser le champ libre sur tous les dossiers. Pas question pour lui d’accepter préalablement les conditions du Fonds monétaire international, a rapporté le journal libanais al-Akhbar. Des conditions qui habituellement préconisent la privatisation du secteur public et la mainmise sur les biens de l’Etat.
Cette position fait partie des réserves qu’avait exprimées le chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohamad Raad sur les 10% de la feuille de l’initiative française, lors de la rencontre des forces politiques avec le président français Emmanuel Macron. Elles s’ajoutent aux réserves sur la proposition d’élections anticipées et justifient son hésitation avec M. Hariri.
En revanche, le Hezbollah refuse aussi les noms proposés par le Courant patriotique libre, en l’occurrence Jawad Adra ou Jamal Kebbi. Estimant que le sort de leur gouvernement serait similaire a celui du gouvernement sortant de Hassan Diab qui « n’a pu ni réunir l’intérieur ni obtenir le soutien de l’extérieur », rapporte al-Akhbar.
Parmi tous les candidats, nul doute que sa préférence va plutôt vers Hariri, estime al-Akhbar, compte tenu des circonstances tragiques que traverse le pays qui connait sa pire crise économique depuis son indépendance. Une crise dont la responsabilité est majoritairement imputée par le Hezbollah aux gouvernements qui ont dirigé le pays depuis la fin de la guerre civile, des gouvernements majoritairement présidés par les Hariri et Cie.
Il devrait tenter durant son prochain mandat, s’il est élu, de remédier au mal causé.
Or l’opposition la plus farouche à la nomination de Hariri viendrait surtout du tandem chrétien, le CPL et les Forces libanaises.
Le premier ayant reporté, par le biais de son fondateur et chef de l’état Michel Aoun, la nomination. Le second s’étant abstenu de s’y opposer. Tous deux semblaient miser sur le renoncement de Hariri, explique al-Akhbar. Ils sont déçus.
Alors que le chef du CPL Gebrane Bassil fait preuve de persistance à refuser la candidature de Hariri, le président quant à lui se trouve dans l’embarras, ne pouvant ordonner un second report, vu la sensibilité de la situation et les pressions françaises. D’autant que de nombreux blocs parlementaires se sont résignés à lui accorder leurs voix. Dont « Développement et libération » du mouvement Amal, « Rencontre démocratique » du parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, «Marada» de Sleimane Frangiyeh, Rencontre consultative, Tachnak arménien. Ainsi que des députés indépendants.
Mais le CPL n’est pas à bout de ses forces. Quand bien même M. Aoun se résignerait à désigner M. Hariri, mais il ne renoncerait en aucun cas à nommer les ministres chrétiens du gouvernement. M. Bassil serait bien entendu sa main cachée.
Source: Médias