Le Premier ministre démissionnaire au Liban, Hassane Diab, a exhorté mardi la Banque centrale à remettre des documents nécessaires à un audit juricomptable, une des mesures réclamées par les créanciers internationaux pour aider le pays à sortir d’une crise inédite.
Alors que le pays connaît depuis plus d’un an une dépréciation historique de sa monnaie nationale, le gouvernement a accusé régulièrement le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé d’être responsable de la crise. M. Salamé a de son côté défendu son bilan.
Le Liban avait initié en mai des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir une aide financière, mais le processus est au point mort.
Le FMI a appelé les autorités à des réformes, réclamant plus de « transparence » et des « audits complets », notamment de la Banque centrale.
En septembre, le cabinet international Alvarez & Marsal avait débuté « la première phase » d’un audit juridique, donnant à la Banque centrale jusqu’au 3 novembre pour lui remettre tous les documents nécessaires à cette étude, selon une source au sein du ministère des Finances.
Mais depuis, la Banque centrale a remis moins de la moitié des documents, a indiqué M. Diab dans un communiqué.
Selon une source à la Banque centrale, le Code de la monnaie et du crédit, ainsi que la Loi sur le secret bancaire, l’empêchent de communiquer les données manquantes.
« Aujourd’hui, ce qu’il faut c’est que la Banque du Liban donne à la société d’audit les documents et les informations qu’elle a réclamés, de façon à ce que l’audit puisse commencer à mettre au jour les faits financiers et les causes de l’effondrement » économique, a ajouté M. Diab, estimant que la loi sur le secret bancaire ne s’appliquait pas aux comptes de l’Etat.
« Toute tentative d’entraver l’audit (…) équivaut à contribuer à être responsable de la souffrance du peuple libanais », a-t-il ajouté.
Le gouvernement de Hassane Diab a démissionné le 10 août, six jours après l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth. Saad Hariri, nommé Premier ministre le 22 octobre, est chargé de former un nouveau gouvernement.
En mars, le Liban, qui croule sous une dette de plus de 92 milliards de dollars (170% du PIB), avait fait défaut pour la première fois de son histoire sur une première tranche d’un milliard d’euros de sa dette en devises.
Source: AFP