Le roi Salmane d’Arabie saoudite a prôné jeudi la fermeté face à l’Iran, sur fond de craintes que l’élection de Joe Biden à la présidence américaine ne conduise à un relâchement des sanctions contre son rival régional.
Le souverain saoudien, qui s’adressait à une nouvelle session du Conseil consultatif, le Majlis al-Choura, dont les 150 membres sont désignés, a lancé un appel aux puissances mondiales, les exhortant à être « fermes » face à l’Iran, a rapporté l’AFP.
Cette position est nécessaire, a-t-il plaidé, pour « empêcher (ce pays) de se doter d’armes de destruction massive et de développer son programme de missiles balistiques », ce qui constitue, selon lui, une menace pour l’ensemble de la région.
Sous l’administration de Donald Trump, qui accuse l’Iran malgré ses démentis de chercher à se doter de l’arme nucléaire, les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 de l’accord international conclu en 2015, visant à limiter drastiquement les activités sensibles de l’Iran.
Trump a lancé contre Téhéran une campagne de « pression maximale » à coup de sanctions économiques qui ont plongé l’Iran dans une violente récession. Sans toutefois parvenir à faire plier l’échine de ce pays.
Toutes ses tentatives de rencontrer des responsables iraniens pour relancer des négociations se sont soldées par un échec, ces derniers refusant un retour à la table des négociations tant qu’il ne revient pas sur son retrait, et refusant surtout de discuter de leur puissance balistique que Trump voudrait inclure dans les tractations.
Lors des négociations de l’accord de 2015, les occidentaux avaient tenté d’y inclure une clause sur cette puissance balistique mais en vain, le guide suprême avait imposé une fin de non-recevoir.
Pour les Iraniens, cette force balistique, fabriquée avec des compétences iraniennes et qui a atteint des niveaux importants et des portées de plusieurs milliers de kilomètres, est leur bouclier défensif face aux agressions des autres.
Un an après la victoire de la révolution, l’Iran a fait l’objet d’une guerre meurtrière de huit années que lui a lancée le dirigeant irakien Saddam Hussein, avec l’aide logistique des Américains et des Français et le financement des pays du Golfe, à leur tête l’Arabie saoudite.
Pour sa part, l’Arabie saoudite wahhabite, qui s’érige en leader de la région et se dispute ce leadership avec l’Iran chiite, et la Turquie sunnite, elle semble craindre que le président élu Joe Biden ne revienne à l’accord conclu alors qu’il était vice-président de Barack Obama.
Joe Biden a promis de « changer de cap » après la campagne de « pression maximale » de Donald Trump, coupable selon le démocrate d’avoir rapproché « l’Iran de la bombe atomique ».
Comme pour les Etats-Unis, la rivalité entre l’Arabie saoudite et l’Iran remonte à 1979, année du triomphe de la révolution islamique iranienne. Le royaume wahhabite, instauré avec l’aide des Britanniques et qui était l’allié du chah d’Iran, a vu dans une république islamique qui prône l’indépendance une menace pour son régime, dont la survie dépend de l’aide des Occidentaux.
Les deux pays se sont livrés depuis plusieurs guerres par procuration, que ce soit au Liban, au Yémen, en Irak ou en Syrie. Ces tensions ont été exacerbées par l’exécution d’un religieux chiite saoudien, cheikh Nimr qui réclamait des reformes politiques au royaume.
La guerre du Yémen lancée par une coalition arabe menée par Riyad aussi, d’autant que l’organisation Ansarullah que les saoudiens voudraient éradiquer affiche son affinité avec l’Iran et voudrait libérer son pays de la mainmise saoudienne.
Autre sujet de discorde entre ces deux pays : la position de la cause palestinienne. L’Arabie prônant la normalisation avec l’entité sioniste, affiche ce choix depuis l’avènement au pouvoir du prince héritier Mohamad ben Salmane, même si le roi Salmane se démarque de la position de son fils en affirmant à plusieurs occasions qu’il soutient l’initiative arabe de l’an 2002 et le règlement à la base des deux Etats.
Dans son discours ce jeudi, il n’a pas mentionné les accords de normalisation conclus par deux de ses alliés arabes du Golfe, les Emirats arabes unis et Bahreïn, avec Israël.
Quant à l’Iran, plutôt sceptique que les Israéliens puissent accorder aux Palestiniens un Etat indépendant, il prône la libération de la Palestine et la restitution des droits du peuple palestinien.