Prônant une laïcité féroce qui légitime les mesures liberticides à l’encontre des Musulmans pratiquants dans son pays, sous prétexte de combattre les soi-disant « séparatismes islamistes » ou « l’islam politique », le président français Emmanuel Macron a du mal à comprendre les critiques que lui oppose la presse américaine.
Dans un article publié par le New York Times, il se plaint de ce qu’il considère être la réticence de la presse anglo-américaine à exprimer sa solidarité dans une «République assiégée», accusant ces médias de «légitimer ces violences» et de qualifier la France de «raciste et islamophobe».
Dans ces médias américains, les attentats s’expliquent en gros par les échecs de la politique française envers les Musulmans, plutôt que par la menace terroriste mondiale. Une analyse où prévalent les facteurs internes aux causes externes de cette crise.
Il est vrai que c’est surtout en France que la question de l’islam et des musulmans est la plus conflictuelle. Ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis, pourtant pays mutli ethnique et multi communautaire avec une importante communauté musulmane. C’est en suivant une politique tolérante envers le phénomène religieux, toutes tendances confondues d’ailleurs, qu’ils ont été généralement épargnés des actes terroristes jihadistes pour la simple raison qu’ils ne lui fournissent pas le terreau qui leur permet d’y pulluler. Quand bien même leur territoire a été l’objet de la plus grande attaque terroriste de l’histoire perpétrée par des éléments qaïdistes wahhabites venus de l’extérieur. Ils ont su tourner cette page sans continuellement stigmatiser leurs Musulmans.
Les propos de M. Macron dévoilent cette incompréhension qui est elle-même la source de l’exacerbation de cette crise et la cause des soubresauts islamistes violents qui en découlent.
«Et quand je vois, dans ce contexte, de nombreux journaux qui je pense viennent de pays qui partagent nos valeurs, qui écrivent dans un pays qui est l’enfant naturel des Lumières et de la Révolution Française, et qui légitiment ces violences, qui disent que le cœur du problème, c’est que la France est raciste et islamophobe, je dis: les fondamentaux sont perdus», enchaîne le Président.
Autre amalgame chez le président français : les médias américains ne légitiment pas la violence mais l’attribuent aux égarements de la politique française dans le traitement de cette question et non au terrorisme mondial.
Un amalgame qui reflète le gros problème dans la mentalité de cette classe dominante : un ethnocentrisme qui n’arrive pas à concevoir que c’est cette laïcité exercée à l’état féroce, c’est-à-dire aux relents éliminateurs des différences culturelles et religieuses qui est la cause essentielle aux problèmes de la France avec ses Musulmans. Elle est d’autant plus insidieuse qu’elle les stigmatise beaucoup plus les autres communautés, attisant davantage leur frustration.
S’y ajoute une certaine perception arrogante qui place « l’enfant naturel des Lumières et de la Révolution Française » au dessus de tout soupcon.
Au lieu de comprendre cette perception, le chef de l’Etat français préfère s’abriter dans une plaidoirie victimaire en estimant que «la laïcité à la française n’est pas comprise », l’incluant dans sa devise historique sur « la séparation entre l’Etat et l’Eglise ».
Il est vrai que cette nécessité ne semble pas non plus intéresser les Etats-Unis où le paysage politique grouille de tout.
Il est vrai aussi que la démocratie américaine a pu accepter une députée voilée dans sa plus grande instance politique, le Congrès, Mme Ilhan Omar. Ce qui parait impensable dans la France actuelle.
Les opinions des médias américains ne sont pas une nouveauté en soi.
L’ex-président américain démocrate Barack Obama avait lors des attaques contre Charlie Hebdo fustigé cette politique française, qui n’arrive pas à s’adapter à la présence de ses Musulmans, contre lesquels la classe dominante française s’insurge. Entrainant derrière elle une opinion publique pas entièrement conquise à ses thèses alarmistes, mais apeurée par les campagnes médiatiques frénétiques insidieusement islamophobes.
Caractéristique distinctive de cette politique que l’on retrouve une fois de plus, après les deux récents attentats terroristes perpétrés en France : elle s’engouffre dans un amalgame entre pratique religieuse de la vie courante, comme le voile pour les femmes, la non absorption d’alcool, l’observation de la nourriture halal, l’observation de la prière individuelle ou en groupe, du jeûne du mois de Ramadan, de la non mixité. Pratique qui relève du choix individuel défendu par le principe de la liberté du culte… Et entre l’islam politique lequel lui-même est sujet aux amalgames français qui ne sauraient distinguer entre ses thèses et ses expériences pacifistes et ses dérives terroristes.
Pour rappel, son ministre de l’intérieur Gérard Darmarin a proposé un projet de loi au Conseil de l’Etat pour interdire aux patients de refuser de se soigner par une femme. Elle vise certains musulmans pratiquants qui observent la non-mixité. Quand bien même on pourrait protester ce choix, il n’en relève pas moins de la liberté du choix garanti par le ministère français de la Santé, et n’a surtout rien à voir avec l’islam politique. Ce sont des mesures pareilles qui crispent davantage les Musulmans et fournissent un environnement favorable aux plus extrémistes.
Et dans une illustration encore plus gravissime des égarements de la mentalité de la classe dominante en France, M. Darmarin propose dans son projet de loi de sanctionner ces personnes de 5 années de prison ou de 72 mille Euros d’amende.
C’est dire à quel point cette proposition dénigre l’un des principes fondamentaux de la notion de la Justice française : la proportionnalité entre le crime et le châtiment.
Élément clé de « De l’Esprit de lois » ouvrage qui a contribué à établir les fondements de la démocratie en France avant la Révolution française, son auteur le philosophe et écrivain français des Lumières Montesquieu doit se retourner dans sa tombe. « La sévérité des peines diminue ou augmente selon que le peuple possède plus ou moins de liberté », avait-t-il écrit.
La France est hélas en train de trahir ses valeurs. Elle ne le voit pas. Mais tout le monde le voit.
Source: Divers