Les autorités égyptiennes ont arrêté jeudi le directeur exécutif d’une ONG locale de défense des droits humains, troisième membre de cette entité à être placé en détention en moins d’une semaine, a annoncé jeudi l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).
« Les forces de sécurité ont arrêté le directeur exécutif de l’EIPR à son domicile à Maadi (sud du Caire) et l’ont emmené vers une destination inconnue », a tweeté l’ONG, sans autre détail.
Elle a fait savoir mercredi que Karim Ennarah, directeur de la justice criminelle de l’EIPR, avait « été arrêté alors qu’il se trouvait en vacances à Dahab dans le Sud-Sinaï ».
« Il a été escorté par des policiers de la Sécurité nationale vers un lieu inconnu », avait ajouté l’ONG égyptienne, sans évoquer les possibles accusations qui pourraient peser contre lui.
Amnesty International a qualifié son arrestation d' »escalade effrayante de la répression de la société civile par les autorités égyptiennes ».
L’EIPR avait annoncé dimanche l’arrestation de Mohamed Bacheer, son responsable administratif, accusé notamment d’avoir « rejoint un groupe terroriste » et de « diffuser de fausses informations ».
Selon l’EIPR, M. Bacheer a été interrogé par le procureur de la Cour suprême de sûreté de l’Etat sur son travail, en particulier une visite en novembre à son bureau au Caire « par un nombre d’ambassadeurs et de diplomates » pour discuter des droits humains.
Il a été placé en détention provisoire durant quinze jours et devrait être interrogé à une date ultérieure. Selon la loi égyptienne, la détention provisoire peut durer jusqu’à deux ans.
Selon des ONG, quelque 60.000 détenus en Egypte sont des prisonniers politiques. Depuis la destitution par l’armée en Egypte en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi et l’arrivée au pouvoir l’année suivante d’Abdel Fattah al-Sissi, une répression croissante s’est abattue sur toute forme d’opposition, islamiste ou libérale.
Début novembre, le ministre des Affaires étrangères Sameh Choukri a affirmé lors d’une conférence de presse avec son homologue français Jean-Yves Le Drian, qu’il « n’y a pas de détention arbitraire, il y a des détentions en application de la loi ». « L’Egypte est un Etat de droit », avait-il martelé.
Source: AFP