Le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin a demandé jeudi la « suspension » de plusieurs policiers qui font l’objet d’une enquête du parquet de Paris pour « violences » et « faux en écriture publique » après le tabassage d’un producteur de musique noir, samedi à Paris, dont la vidéo tourne en boucle sur les réseaux sociaux.
Cette affaire intervient dans un contexte tendu en France autour de la question des violences policières, après l’adoption cette semaine en première lecture au parlement d’une loi contenant un article controversé (article 24), susceptible de fortement restreindre la diffusion d’images de policiers en action.
Sur les images dévoilées par Loopsider, un homme appelé « Michel », qui ne porte pas le masque obligatoire en public, subit de nombreux coups de la part de policiers, dans l’ouest de Paris, alors qu’il se trouve à l’entrée d’un studio de musique.
Après son interpellation violente, l’homme a dans un premier temps été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Paris pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « rébellion ».
Mais le parquet a classé cette enquête, et ouvert mardi une nouvelle procédure pour « violences par personnes dépositaires de l’autorité publique » et « faux en écriture publique », confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
« Je demande au préfet de police de suspendre à titre conservatoire les policiers concernés. Je souhaite que la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les plus brefs délais », a indiqué jeudi sur Twitter le ministre Gérald Darmanin.
« Mon client a fait 48 heures de garde à vue de manière injustifiée sur des propos mensongers des services de police qui l’ont outrageusement violenté », a dénoncé l’avocate du producteur, Me Hafida El Ali, jointe par l’AFP.
Mardi, le parquet de Paris avait déjà ouvert deux enquêtes relatives à des faits de « violences », l’une sur un migrant et l’autre sur un journaliste, dont sont soupçonnés des policiers lors de l’évacuation brutale d’un campement de migrants dans la capitale lundi soir. A chaque fois, ces violences ont été filmées.
Les représentants des médias et les organisations de défense des droits s’inquiètent des effets sur la liberté d’informer de l’article 24. Il pénalise d’un an de prison et 45.000 euros d’amende la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » de membres des forces de l’ordre en intervention, quand elle porte « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ».
Source: AFP