Le mufti de Daech dans la province de Ninive en Irak, Chifa al-Neameh, a reconnu avoir reçu de l’aide d’Arabie saoudite. Mais ses aveux ne sont que des demi-vérités, selon ce qu’en rapportent les enquêteurs irakiens aux médias.
Arrêté près de Mossoul en octobre 2020, le surnommé Abou Abdel Bari dont les images de l’arrestation à bord d’une camionnette , en raison de son obésité, ont fait le tour du monde, a assuré lors de son interrogatoire avoir voyagé à deux reprises en Arabie saoudite pour y rencontrer des gens et y obtenir une aide financière.
La première fois en 2006, il a rencontré dans la ville sainte de la Mecque un certain dénommé Abou Moustafa al-Iraki qui détenait une nationalité européenne. Il lui avait posé des questions sur la nature des groupes islamistes sunnites en Irak lui proposant plusieurs moyens de les soutenir. Le mufti assure avoir reçu de l’argent nécessaire pour fonder une école d’apprentissage du Coran et pour former des groupes islamistes.
Selon lui, le deuxième voyage en Arabie saoudite a eu lieu lorsqu’il a effectué son pèlerinage. Il dit avoir rencontré un vieil homme et lui a demandé de financer continuellement l’action armée de ces groupes.
« Effectivement, j’ai obtenu ce que je voulais », a-t-il assuré.
Imam et prêcheur dans plusieurs mosquées de Mossoul, il a reconnu dans son interrogatoire, avoir décrété les fatwas pour combattre les forces de sécurité irakiennes à partir de 2006, avant la création de Daech. Invitant les gens plus tard à rejoindre les rangs de l’organisation wahhabite takfiriste.
Selon les services de sécurité irakienne, c’est aussi lui qui avait décrété l’ordre d’assassiner les religieux qui avaient refusé de prêter allégeance à l’EI (ISIS).
Lui-même a revendiqué les assassinats ciblés et les attentats qui ont eu lieu entre 2006 et 2007 et les attaques contre les mosquées qui se sont poursuivies jusqu’en 2014.
Le chef terroriste a indiqué durant son interrogatoire avoir fondé au début une école qu’il a baptisée Abdallah al-Neameh, dans laquelle il a formé l’idéologie de centaines de terroristes qui devaient plus tard faire partie des dirigeants de la milice terroriste.
En même temps, il enseignait à l’université de Mossoul, où il propageait ses idées wahhabites takfiristes, avant d’en être révoqué suite à des désaccords avec sa direction.
Il avait aussi travaillé dans le cadre d’une instance connue sous le nom « Diwan de l’enseignement de la wilaya de Ninive », où il a a fait part à des sessions intensives pour 50 apprenants chacune.
Par la suite, il a présidé la Cour de la charia du Bureau judiciaire et des griefs.
Certains de ses membres ne voulaient pas que leur identité soit révélée, précise-t-il.
Ce tribunal décrétait toutes les sentences et peines dont les flagellations, les amendes et les lapidations à Mossoul.
C’est ainsi que des fumeurs ont été flagellés, des chrétiens ont été expulsés de Mossoul, des femmes appartenant à la communauté Yézidie ont été réduites à l’esclavage et leurs hommes éliminés.
Le tribunal a aussi ordonné de bombarder les mosquées de Mossoul où se trouvaient les tombeaux de prophète. Dont celui du prophète Younes (Jonas) en 2014. Un site historique de grande valeur historique.
L’école wahhabite répudie les rites liés aux hommages, ziarates et prières rendus aux prophètes, aux imams ou autres maîtres sur leur sépulture. Ce qui n’est pas les cas des autres écoles sunnites à laquelle appartiennent les Irakiens sunnites.
Des dizaines de sanctuaires en Irak et en Syrie avaient été bombardés par les groupes takfiristes, toutes appellations confondues, promus par la même idéologie.
Toujours dans ses aveux, le « justicier de Daech » véhicule avoir menti sur la nature de la mosquée Younes.
« J’ai proféré des mensonges pour fourvoyer l’opinion publique à Mossoul après le bombardement du sanctuaire du prophète Younes, J’ai prétendu qu’il n’y avait pas de tombeau du prophète et qu’il s’agissait d’un palais assyrien », a-t-il dit, selon ce qu’en ont rapporté aux médias les enquêteurs. Lesquels n’ont pas évoqué les motivations réelles de ses mensonges.
Dans ses aveux, le mufti de Daech évite de reconnaitre avoir adopté les idéaux takfiristes du wahhabisme en Arabie saoudite, avant 2003. Ou serait-ce ses enquêteurs irakiens qui évitent de le divulguer aux médias.
Ils lui rapportent qu’il a « suivi des cours d’enseignement religieux dans un pays voisin ». Sans préciser lequel. Ils devraient tout de même le lui avoir demandé.
Curieusement, en parlant des personnages qu’il a rencontrés en Arabie, aucun lien n’est non plus opéré avec les autorités saoudiennes. Un ressortissant européen et un vieil homme. Toujours selon ce qu’en rapportent les enquêteurs irakiens. Il leur a surement divulgué leur réelle identité.
Ces précautions semblent toutefois vouloir dissimuler l’implication offcielle de Riyad dans la montée de Daech et son expansion en Irak et en Syrie. Et son rôle infeste dans la destruction de ces deux pays et dans les crimes horribles qui y ont été perpétrés.
Depuis l’avènement du roi Salmane et son fils et prince héritier Mohamad ben Salmane, le royaume a démenti sa responsabilité dans l’envoi de dizaines de milliers de miliciens saoudiens en Irak (et en Syrie), dont 5.000 s’étaient fait exploser dans des attentats suicides parmi les Irakiens. Des centaines d’entre eux croupissent actuellement dans les prisons irakiennes.
Le régime de Riyad a démenti sa responsabilité dans les prêches lancées depuis son sol, par des centaines de prédicateurs wahhabites, dont des ressortissants de plusieurs pays arabes, et qui infestaient les sites internet et les réseaux sociaux. Incitant à la haine contre les « Rafidhas et les Majous », appellation péjoratives désignant respectivement les chiites et les Iraniens. Elle les a tous jetés dans ses prisons, après qu’ils ont accompli leur mission. Surtout que l’implication du wahhabisme takfiriste saoudien a été révélée au grand jour.
Comble du mensonge: MBS avait argué pour les médias occidentaux que le wahhabisme n’est pas la religion d’état de son pays.
Et depuis le royaume saoudien continue à rejeter sa responsabilité. Sans convaincre.
Or, il semble for que certains dirigeants irakiens sont eux aussi impliqués, ne révélant que des demi-vérités sur les aveux des chefs de Daech arrêtés. Pour des raisons qu’il faudrait nécessairement élucider!
Il faut croire aussi que les Américains non plus ne sont pas étrangers à cette manipulation. Nulle part dans les confessions du mufti de Daech, il n’est question de combattre les forces américaines qui ont envahi l’Irak!!
Source: Divers