Donald Trump a frappé jeudi un nouveau coup diplomatique en obtenant du Maroc un accord « historique » de normalisation de ses relations avec « Israël », dans le cadre du plan de paix américain au Proche-Orient, avec comme contrepartie la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
« Une autre avancée HISTORIQUE aujourd’hui ! », a écrit sur Twitter le président américain. « Nos deux GRANDS amis, Israël et le Royaume du Maroc, ont accepté de normaliser complètement leurs relations diplomatiques – un grand pas en avant pour la paix au Moyen-Orient ! »
Trump reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental
« Le Maroc a reconnu les États-Unis en 1777. Il convient donc de reconnaître sa souveraineté sur le Sahara occidental », a tweeté Donald Trump. Et d’ajouter dans un autre tweet : « Aujourd’hui, j’ai signé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. La proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc est la SEULE base d’une solution juste et durable pour une paix et une prospérité durables ! »
Le roi Mohammad VI a salué une « prise de position historique » des Etats-Unis
Dans un communiqué du palais royal, le roi Mohammed VI a indiqué que son pays allait « reprendre des relations diplomatiques » avec Israël « dans les meilleurs délais ». Les deux États avaient en effet déjà disposé de bureaux de liaison, à Rabat et à Tel-Aviv. Inaugurées en 1994, ces deux représentations diplomatiques avaient dû fermer au début des années 2000 lors de l’éclatement de la seconde intifada.
Dans le communiqué du palais, le roi Mohammad VI insiste avant tout sur la concession faite par les États-Unis sur le Sahara occidental, ne reléguant la reprise des liens avec l’entité sioniste qu’au second plan. Pour Mohammed VI, la » position constructive des États-Unis (…) vient renforcer la dynamique de la consécration de la marocanité du Sahara « .
Le souverain a par ailleurs assuré au président palestinien Mahmoud Abbas la poursuite de « l’engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste ».
À destination d' »Israël », le souverain marocain a indiqué vouloir « accorder les autorisations de vols directs pour le transport des membres de la communauté juive marocaine et des touristes israéliens en provenance et à destination du Maroc « .
Car il ne s’agit pas d’une « reconnaissance » d’Israël, a souligné un haut responsable diplomatique marocain, même si des liens existent depuis longtemps entre les deux pays, notamment du fait de l’importante communauté juive d’origine marocaine en « Israël », qui compte environ 700.000 personnes.
« Le Maroc a reconnu Israël en 1994, il y a eu une présence diplomatique pendant huit ans à Rabat et Tel-Aviv », jusqu’à leur fermeture au début des années 2000, a rappelé le haut responsable.
Benyamin Netanyahou applaudit cette normalisation
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a salué jeudi soir un accord de normalisation » historique » des relations entre l’entité sioniste et le Maroc, aussitôt dénoncé par les Palestiniens.
» J’ai toujours cru en cette paix qui se concrétise aujourd’hui devant nos yeux. Je veux remercier le président Trump d’avoir mené ces accords et remercier le roi du Maroc Mohammed VI pour cette décision historique de faire la paix avec Israël « , a déclaré M. Nétanyahou dans une allocution télévisée coïncidant avec le début des fêtes juives de Hanouka.
« Nous allons d’abord mettre en place des bureaux de liaison, puis des relations diplomatiques directes et des vols directs entre les deux pays », a ajouté le premier ministre israélien.
« Le peuple marocain et le peuple juif ont toujours entretenu des relations chaleureuses à l’ère moderne. Tout le monde connaît l’amitié profonde démontrée par le roi du Maroc et la population marocaine à l’égard de la communauté juive locale « , a déclaré M. Netanyahou.
Ce dernier a d’ailleurs qualifié de « pont humain » entre les deux pays les » centaines de milliers » de juifs d’origine marocaine aujourd’hui établis en « Israël ».
La question de la normalisation des relations entre Rabat et « Israël » avait été relancée en février dernier à l’occasion d’une visite officielle au Maroc du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.
A l’époque, des médias israéliens assuraient que Rabat serait prêt à faire un geste en contrepartie d’un soutien américain au Maroc sur le Sahara occidental.
Le Front Polisario promet de poursuivre la lutte
Le représentant du front « Polisario » en Europe, Abi Bachraya Al-Bashir, a considéré la décision de l’administration du président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental comme « étrange mais pas surprenante ».
Le représentant du front a estimé que la décision américaine « ne changera pas la détermination du front à poursuivre la lutte ».
Dans le même contexte, Reuters a cité un porte-parole des Nations Unies qui a confirmé que la position de l’organisation « ne changera pas après la décision américaine sur le Sahara occidental »
Colonie espagnole jusqu’en 1976, le Sahara occidental est un territoire désertique de la taille de la moitié de la France, situé à la lisière entre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie. Riche en gisements de phosphate et bordé d’eaux poissonneuses, cette bande de terre est contrôlée à 80 % par le Maroc, et à 20 % par le Front Polisario, groupe armé issue de la population nomade sahraouie qui peuple la zone.
Le Polisario milite pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et souhaite l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans le but d’établir l’indépendance du territoire. Au contraire, Rabat considère la région comme faisant partie de ses frontières » historiques » et réclame pour le territoire un statut d' »autonomie sous contrôle ».
Mais les négociations impliquant le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sont au point mort depuis mars 2019.
Réactions arabes
Le Hamas a au contraire dénoncé à l’AFP un « péché politique » commis par le Maroc, « qui ne sert pas la cause palestinienne ».
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a lui salué un « pas important « pas important vers davantage de stabilité et de coopération » dans la région.
Source: Médias