Le Washington Post a révélé dans un reportage comment le Mossad utilise les séries télévisées sur Netflix et Apple TV pour faire sa promotion et recruter de nouveaux agents dans le monde.
Selon le journal américain, après des années de travail clandestin, ce service des renseignements pour les opérations à l’étranger, responsable de centaines d’assassinats de scientifiques irakiens ou égyptiens ou de militants pour la cause palestinienne, est en tête des sites mondiaux ces derniers mois à travers des séries et des films. Dont entre autre le film «L’espion» (The Spy-2019), qui raconte l’histoire de l’espion israélien Eli Cohen, infiltré en Syrie par le Mossad et diffusé sur le réseau Apple TV Plus.
Toujours selon le WP, des anciens agents ont déclaré que le Mossad encourageait les séries télévisées et les films qui pourraient servir ses intérêts.
Ils se sont inspirés du film américain Top Gun, réalisé aux Etats-Unis en 1986, pendant la Guerre froide. Il raconte l’histoire fictive d’un pilote américain appartenant à la Fighter Town, une base aérienne située en Californie et entrainée par une unité du même titre du film. Ayant eu un parcours difficile, il parvient après des remous psychologiques à sortir vainqueur d’une bataille aérienne contre des Mig soviétiques.
Le long métrage était devenu un film culte dans les années 80 et aurait contribué à la hausse des demandeurs de recrutement dans les Marines américains.
Le réalisateur israélien Eitan Fox a révélé pour le WP que le processus de création des programmes et des films sur le Mossad est facile, étant donné que les écrivains et les producteurs forment un cercle étroit, dans lequel tout le monde a « un ami ou un oncle dans le Mossad ».
Il a signalé que ces séries et films font partie d’une production qui se concentre sur le thème de la guerre, qui a fait de l’entité sioniste le plus grand exportateur de ce type de séries. Selon lui, la vague a commencé en 2010 avec Hatufim, une série qui raconte l’histoire fictive du retour de deux soldats israéliens de guerre au Liban, après dix-sept ans de captivité par un groupe islamiste.
Elle a inspiré la série américaine Homeland, qui a été diffusée aux Etats-Unis entre 2010 et 2012, puis en France, en Allemagne et en Belgique en 2013 sur Arte1 et au Québec 2014 sur ARTV2.
Une autre série israélienne reprise par Netflix en 2017, Fauda, qui parle d’une unité de renseignement israélienne opérant en Cisjordanie occupée.
Signifiant le chaos en arabe, elle tourne autour de l’unité de forces spéciales de l’armée d’occupation israélienne Mista’arvim dont les membres sont spécifiquement formés pour se fondre au sein de la population arabe, pour par la suite assassiner des résistants palestiniens.
Basée sur l’expérience des deux anciens membres d’une unité d’élite de l’armée d’occupation, elle a été diffusée sur trois saisons en 2015, 2017 et 2019 sur la chaîne Yes Stars du réseau câblé israélien. Avant de passer par la suite chez Netflix .
S’exprimant lors d’un événement médiatique pour un autre film sur le Mossad, The Javelin, la mannequin israélienne devenu actrice Bar Refaeli, qui joue une femme fatale se faisant passer pour un agent secret, a souligné l’admiration que beaucoup de gens en ‘Israël’ ressentent pour ceux qui travaillent dans le Mossad.
«C’est mon rêve secret: j’aimerais être dans le Mossad – et en fait peut-être que je le suis – qui sait?»
« Révéler les missions et les opérations du Mossad au public soutient notre héritage… cela permet aux gens de se sentir fiers et de penser à la prochaine génération » a expliqué l’ancien officier du Mossad pendant 28 ans Avanir Avraham dans un entretien avec le WP.
« Nous avons besoin de nouveaux agents », a-t-il souligné.
Cette activité s’inscrit dans le prolongement des films sur le grand écran qui font la promotion du Mossad en montrant des détails des opérations qui lui sont attribuées.
Dans ce genre de production qui évoque les opérations réussies du Mossad, ou qui donnent une version différente de la réalité losqu’elles sont baclées, la performance et la supériorité des agents israéliens est vantée implicitement. .
On y évoque rarement l’aide que lui procurent les services de renseignements occidentaux. Une aide très précieuse et indispensable pour la réussite de leur mission faite sur leur sol.
L’aide des autorités locales et leur laxisme est également occultée. On constate que jamais les auteurs de ces assassinats ne sont poursuivis en justice. Ils disparaissent dans la nature comme si de rien n’était. Et lorsqu’ils sont attrapés, ils ne tardent pas à être libérés.
On évite surtout de rapporter les injustices infligées aux Palestiniens ou les autres, dont en tête l’usurpation de leur patrie ou l’occupation.
C’est l’art de montrer les victimes des bourreaux et les bourreaux des victimes, un art bien développé par la doctrine médiatique israélienne.
Source: Médias