L’émissaire des Nations unies pour le Yémen s’est rendu dimanche 7 février en Iran, pour la première fois depuis le début de sa mission selon la télévision d’Etat iranienne, trois jours après l’annonce par les Etats-Unis de la fin de leur soutien à la campagne militaire de l’Arabie saoudite chez son voisin.
Une coalition militaire emmenée par les Saoudiens mène depuis 2015 une guerre meurtrière contre le Yémen.
“L’émissaire spécial de l’Onu Martin Griffiths est arrivé à Téhéran pour une visite de deux jours, au cours de laquelle il rencontrera le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et d’autres responsables iraniens”, a rapporté la télévision d’Etat iranienne.
Les services de Martin Griffiths ont déclaré que cette visite s’inscrivait dans le cadre de ses efforts diplomatiques pour contribuer à une solution politique négociée à la guerre au Yémen.
Sa priorité immédiate est d’appuyer la conclusion d’un accord de cessez-le-feu, de favoriser des mesures humanitaires d’urgence et de permettre la reprise d’un processus politique, précisent ses services dans un communiqué.
Le nouveau président américain Joe Biden a annoncé jeudi la fin du soutien des Etats-Unis aux opérations offensives de l’Arabie saoudite au Yémen. Son administration a ensuite fait savoir vendredi qu’elle comptait retirer le mouvement d’Ansarullah de sa liste des entités terroristes en raison de la crise humanitaire au Yémen, où, selon l’Onu, 80% de la population a besoin d’aide.
Fin de la guerre et la levée du blocus
Lors d’une interview accordée samedi à la chaîne d’information libanaise, Al-Mayadeen, Mohammad Ali al-Houthi, membre du Conseil politique suprême yéménite a déclaré qu’Ansarullah avait entendu les récentes déclarations de l’administration américaine sur le Yémen, mais n’avait encore rien vu se passer.
« Sanaa attend à ce que les déclarations du président américain sur l’arrêt de la guerre et la fin du blocus soient converties en actions. Nous espérons, a-t-il ajouté, que Washington arrêtera la guerre saoudo-émiratie contre notre pays. Mais cette paix devra être réelle, concrète. Car le Yémen était disposé à continuer le combat jusqu’à ce que les conditions de paix soient réunies ».
« Nous négocierons en fonction des intérêts du Yémen et nous n’accepterons ni arrogance ni humiliation. Et puis il y a la question de reconstruction. Le Yémen a demandé à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis d’indemniser les victimes de la guerre à l’instar du Koweït qui a reçu à l’époque des compensations de l’Irak. Si l’arrogance et l’égoïsme sont mis de côté, toutes les questions peuvent être résolues dans le cadre de négociations. Et puis que cela soit dit au passant, notre choix stratégique consiste de rester à jamais au sein de l’axe de la Résistance aux côtés du Liban et de la Palestine », a réitéré M.Houthi, cité par le site iranien francophone PressTV.
Citant des sources concordantes, le quotidien libanais Al-Akhbar a révélé que Washington travaillera avec Abu Dhabi pour adoucir la position de Riyad et la convaincre que le dossier de la guerre doit être clos.
Dans ce contexte, le site web américain Vox a indiqué que les États-Unis ne sont pas totalement sortis de la guerre. Il s’agit simplement de passer à une nouvelle posture moins destructrice.
Cependant, les plus optimistes quant à l’approche de la fin de la guerre, qui a couté la vie à des dizaines de milliers de martys, ne croient pas que cette fin sera imminente. Au contraire, il y aura des tractations politiques complexes, dans l’espoir que les parties diviseront les dossiers et agiront en fonction des priorités.
Entre-temps, la demande fondamentale de Sanaa reste l’arrêt de la guerre et la levée du blocus, à condition que le reste des dossiers soit discuté plus tard.