Les principaux mouvements palestiniens Hamas et Fatah ont annoncé, mardi 9 février, un accord par lequel ils s’engagent à respecter les résultats des prochaines élections, les premières en 15 ans.
Après de nombreux reports et rumeurs, le président palestinien Mahmoud Abbas a signé le 15 janvier, quelques jours avant l’entrée en fonction de Joe Biden à la Maison Blanche, un décret pour la tenue d’élections législatives et présidentielle en mai et juillet prochains respectivement.
Dans la foulée de ce décret, les factions palestiniennes se sont rendues au Caire pour des discussions cruciales sur les modalités de la tenue de ces élections, les premières dans les Territoires palestiniens depuis 2005.
Selon un communiqué conjoint résultant de ces discussions, l’ensemble des factions palestiniennes, dont le Hamas et le Fatah, ont convenu de « se conformer aux dates des élections (annoncées par M. Abbas) » et de « respecter et d’accepter leurs résultats ».
La dernière présidentielle palestinienne remonte à la victoire de Mahmoud Abbas en 2005, suivie l’année suivante par des législatives remportées par le Hamas.
Lors d’un entretien téléphonique mardi soir, le chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyeh, a remercié Mahmoud Abbas pour son soutien aux discussions du Caire, et a dit espérer le « succès des élections et la fin des divisions » entre factions palestiniennes, selon l’agence officielle Wafa.
« Tribunal électoral »
L’accord du Caire prévoit en outre l’établissement d’un « tribunal électoral », sujet clé des pourparlers du Caire, et un engagement à faire respecter les « libertés publiques » durant les campagnes électorales et le scrutin, selon le texte.
Dans un autre communiqué, Jibril Rajoub, chef de la délégation au Caire du parti Fatah de M. Abbas, qui siège en Cisjordanie occupée, s’est félicité de l’accord sur une « feuille de route » pour les élections et qui selon lui témoigne de « l’unité palestinienne ».
L’engagement des Palestiniens à tenir des élections est considéré par de nombreux analystes comme une manière pour de gagner en légitimité et de parler d’une seule voix pour reprendre contact avec les Etats-Unis de Joe Biden, après avoir rompu les liens avec la précédente administration de Donald Trump.
Sous M. Trump, les Etats-Unis ont reconnu la ville sainte d’AlQuds occupée comme capitale d’Israël, soutenu l’annexion par l’entité sioniste de pans de la Cisjordanie occupée, et œuvré à la normalisation des relations entre Israël et des pays arabes, initiatives décriées tant par le Hamas que le Fatah.
Mais comme les Palestiniens sont divisés entre deux administrations, celle du Hamas qui contrôle Gaza et celle de M. Abbas, en Cisjordanie, les deux camps devaient s’entendre sur des mécanismes pour tenir des élections.
L’un des enjeux clés portait sur l’entité juridique qui devait valider les résultats en cas de différends. A ce propos, les factions palestiniennes ont convenu au Caire sur le principe d’un « tribunal électoral consensuel » pour superviser l’ensemble du processus électoral, incluant les résultats.
AlQuds ?
Les factions se sont aussi entendues pour tenir les élections en Cisjordanie, où vivent 2,8 millions de Palestiniens, et dans la bande de Gaza, enclave paupérisée de deux millions d’habitants sous blocus israélien, mais aussi à l’Est d’AlQuds occupée.
Par le passé, Mahmoud Abbas avait déclaré que des élections ne pouvaient avoir lieu si les quelque 300 000 Palestiniens de l’Est d’AlQuds, secteur de la ville sainte annexé par Israël, ne pouvaient voter.
Les Palestiniens ont demandé à l’Union européenne de presser Israël pour permettre le vote à l’Est d’AlQuds.
Dans la bande Gaza et en Cisjordanie, « seule la police palestinienne », et donc aucun autre mouvement armé, ne pourra protéger les bureaux de vote, précise le communiqué du Caire.
De nouvelles discussions sont prévues en mars dans la capitale égyptienne pour peaufiner cet accord qui doit encore être transmis à Mahmoud Abbas. Mais dès à présent, le Fatah a dit qu’il commencerait à travailler sur ses listes électorales en vue du scrutin.
A ce propos, les factions palestiniennes se sont engagées à « assurer l’égalité des chances » de « toutes les listes électorales » en vue des élections de qui devraient être, si elles ont bien lieu, les premières de leur vie pour des centaines de milliers de jeunes Palestiniens.
Source: Avec AFP