Les Etats-Unis n’ont de mots que pour Ma’rib. Majoritairement conquise par les forces de Sanaa, Washington s’inquiète que sa capitale éponyme n’ai le même sort. Les Américains ont multiplié dernièrement leurs appels au gouvernement de Sanaa pour stopper la guerre. Alors que les forces du président démissionnaire contesté Abed Rabbo Mansour Hadi mobilisent les plus grands renforts jamais vus dans l’histoire moderne du Yémen pour empêcher sa chute. Sans pour autant faire fléchir Ansarullah.
Selon l’agence Reuters, de hauts responsables américains ont rencontré ce mercredi 3 mars des responsables de l’organisation yéménite Ansarullah dans le Sultanat d’Oman, pour leur demander de s’entretenir avec l’Arabie saoudite et de mettre fin à l’attaque de Ma’rib.
Ces derniers jours, les Américains avaient envoyé des messages au gouvernement de Sanaa à travers des médiateurs avec la même sollicitation. En vain, les forces de Sanaa qui comptent dans leurs rangs des unités de l’armée et des forces de mobilisation populaire d’Ansarullah continuent leur offensive.
Durant ces derniers mois, elles ont conquis la majeure partie du gouvernorat de Ma’rib, au nord-ouest du Yémen.
Les sollicitations de l’administration de Biden sont accompagnées par la politique du baton et de la carotte. Sans parvenir à faire fléchir la position des houthis. Après avoir annulé la classification de l’organisation Ansarullah sur la liste américaine des organisations terroristes, elle a sanctionné le lendemain deux de ses chefs militaires, pour « leur rôle dans l’organisation d’attaques contre les pays voisins, ainsi que sur les navires commerciaux dans les eaux internationales ».
Les sanctions US sans valeur réelle
« Rien de nouveau l’Amérique ne peut tirer de ses prétendues sanctions, sauf qu’elles contredisent ce qu’elle prétend de volonté de paix », a commenté cette décision le bureau politique d’Ansarullah.
« Les sanctions américaines n’ont aucune valeur réelle», a estimé le Bureau politique d’Ansarullah dans un communiqué, notant que «Washington mène une offensive contre le Yémen, avec des sanctions et autres».
Selon le communiqué le gouvernorat de Ma’rib « a été l’un des fronts ennemis à partir duquel ont été lancées des offensives explicites et déclarées contre un certain nombre de districts de Ma’rib ».
« Le front Ma’rib est resté en feu tout au long des jours de l’agression, comme le front Sarwah et d’autres. De plus, il a été le front à partir duquel ont été lancées des attaques contre le reste des gouvernorats voisins, comme Al- Jawf, Sanaa et Al-Bayda », a-t-il expliqué.
400 mille militaires de Hadi à Ma’rib
Sur le terrain, Hadi a mobilisé les forces de trois régions militaires du Yémen, divisé en 7 régions. Dont la troisième, celles de Ma’rib, en plus des sixième et septième qui ont été transférées provisoirement au front de Ma’rib.
C’est une première dans l’histoire moderne du Yémen, estime le journal libanais al-Akhbar. Sans compter les forces du Ministère de la Défense de Hadi et celles de l’état-major de son armée, dont les quartiers généraux se trouvent dans la ville éponyme.
Le chiffre de leurs effectifs est estimé à près de 400 mille militaires et officiers.
S’ajoutent aussi les milices tribales qui ont rejoint la coalition arabe et celles qui appartiennent aux organisations salafistes dont Daech, à qui on a permis de rejoindre la bataille.
Le gouvernement de Hadi craint aussi de perdre, avec Ma’rib, la loyauté des tribus de ce gouvernorat. Un terrain où le gouvernement de Sanaa est aussi en avance. Sur les 14 districts de ce gouvernorat, 12 ont été conquises après des ententes avec leurs tribus. Alors que les autres attendent vers qui va pencher la balance de la bataille.
Une bataille décisive…Une bataille clé
Selon al-Akhbar, des médias et des centres d’études occidentaux se sont intéressés ces derniers jours à la bataille de Ma’rib. Ils sont unanimes pour considérer qu’elle est décisive pour le processus de la guerre dans ce pays. Compte tenu de la position géographique stratégique de cette région et de ses caractéristiques militaires et économiques surtout qu’elle est riche en hydrocarbures.
Selon la Fondation JamesTown pour les recherches, le gouvernement de Hadi va beaucoup perdre s’il perd Ma’rib d’autant que Sanaa pourra imposer ses conditions dans le prochain compromis.
Selon le journal français le Figaro, la perte de Ma’rib sera « un terrible revers » pour les Saoudiens et leurs soutiens internationaux. Il estime que la bataille en cours est « la bataille clé » que mènent les Houthis avec force pour s’emparer du dernier bastion du gouvernement soutenu militairement par la coalition et politiquement par les Etats-Unis.
Source: Divers