La Russie, accusée de masser des troupes à la frontière ukrainienne, a assuré ne pas vouloir de conflit, mais mis en garde les Occidentaux, vendredi 2 avril, contre toute ingérence militaire et averti Kiev de s’abstenir de toute «provocation».
Des responsables ukrainiens et américains se sont inquiétés ces derniers jours de l’arrivée de milliers de soldats et matériel russes à la frontière russo-ukrainienne, sur fond de regain de tensions entre forces de Kiev et séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine.
Ces tensions mettent à l’épreuve le début de présidence de Joe Biden à un moment où les relations russo-américaines sont au plus bas, Moscou ayant récemment rappelé son ambassadeur à Washington.
Jeudi soir, alors que Kiev s’inquiétait ouvertement de ces mouvements de troupes, Washington a mis en garde Moscou contre «tout acte agressif».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a rétorqué vendredi que Moscou prendrait «toutes les mesures nécessaires» en cas d’ingérence militaire occidentale en Ukraine, ex-république soviétique considérée par la Russie comme faisant partie de sa sphère d’influence.
Il a ensuite répété que «la Russie ne menace personne et n’a jamais menacé personne», mettant l’escalade des tensions sur le dos des «provocations répétées des forces armées ukrainiennes» contre les séparatistes.
Parallèlement, l’armée russe a annoncé vendredi des exercices militaires destinés à simuler la défense face à une attaque de drones, dans une région située près de l’Ukraine.
Plus tôt le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Andreï Roudenko a lui assuré que Moscou ne voulait pas d’un conflit armé avec Kiev, mais averti l’Ukraine de «faire preuve de prudence» et «s’abstenir de mesures qui provoqueraient un conflit».
Le Kremlin avait déjà assuré jeudi que la Russie déplaçait ses troupes comme elle l’entendait sur son territoire, tout en appelant que Kiev et les Occidentaux à ne pas «s’inquiéter».
Washington s’était déjà dit jeudi préoccupé par les «récentes escalades d’actes agressifs et provocateurs» russes tandis que Kiev prétend que Moscou prépare l’entrée de ses forces armées régulières dans les territoires séparatistes.
La France, qui a un rôle de médiateur avec Berlin dans le conflit ukrainien, a dit pour sa part vendredi ne pas croire à une escalade des tensions tout en restant «très prudente».
Pour l’analyste militaire russe Alexandre Golts, les mouvements de troupes russes et la menace d’une escalade sont destinés à «servir d’instrument de négociation diplomatique avec l’Occident» en cette période de tensions et de sanctions.
«Dans les prochains mois, il y aura un exercice d’équilibriste: nous menacerons d’être fous et sur le point de déclencher une guerre», a-t-il expliqué à l’AFP.
Signe pour lui qu’il s’agit d’un bluff : les troupes russes en question, quelques milliers selon les médias, ne seraient pas suffisantes pour une véritable offensive. Et surtout, la météo pluvieuse en Ukraine à cette période de l’année rend difficile tout déplacement de matériel militaire.
Malgré ses dénégations, la Russie est largement considérée comme le soutien financier et militaire des séparatistes et accusée par Kiev d’avoir fait combattre ses troupes régulières au cours du conflit.
Cette guerre, qui a fait plus de 13 000 morts, a commencé en 2014 après l’arrivée au pouvoir à Kiev de pro-occidentaux, qui avait été suivie de l’annexion de la Crimée par Moscou.
Après une trêve record durant la deuxième moitié de 2020, la guerre dans l’est de l’Ukraine entre forces de Kiev et séparatistes pro-russes a vu depuis janvier une multiplication des heurts. Les deux camps s’imputent la responsabilité de l’escalade.
Malgré des accords de paix signés en 2015 à Minsk et plusieurs rencontres entre les dirigeants russe et ukrainien sous parrainage allemand et français, le règlement politique du conflit est au point mort.
Les tensions des derniers jours ont fait l’objet de discussions entre hauts responsables militaires américains et ukrainiens, entre les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN et entre les états-majors de Moscou et Washington.
Les forces américaines en Europe ont été placées cette semaine en phase de surveillance renforcée contre une «crise imminente potentielle».
Source: Avec AFP