L’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), redoutable groupe armé, a indiqué dans un communiqué vouloir se retirer de la coalition rebelle qui cherche à faire tomber le pouvoir de Bangui. Pour justifier sa décision, Ali Darassa, le chef de l’UPC, évoque les souffrances des populations. Dans le pays, cette annonce est prise avec des pincettes.
L’information est contenue dans un document manuscrit et signé de la main d’Ali Darassa. Le chef de guerre et leader de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), l’un des plus puissants groupes armés en République centrafricaine (RCA), s’y engage à quitter la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), le groupe rebelle qui cherche à renverser le Président Faustin-Archange Touadéra.
«Le général d’armée Ali Darassa Mahamat et ses officiers s’engagent à se retirer de la Coalition des patriotes pour le changement», a écrit le chef de l’UPC et auteur du communiqué, prétextant que «depuis le début de la crise électorale, la population souffre amèrement de l’insécurité, de la situation sanitaire, de la famine et de non-assistance humanitaire».
Un non-événement
Dans le même communiqué, le commandant en chef de l’UPC «réitère son engagement dans le processus de l’accord de Khartoum». Cet accord de paix avait été signé en février 2019 par 14 groupes armés, mais fait encore l’objet de nombreuses violations. D’ailleurs, mi-décembre 2020, à la veille de la présidentielle, six des plus puissants groupes armés, au rang desquels l’UPC, qui contrôlent plusieurs localités de la Centrafrique, en guerre civile depuis huit ans, se sont alliés au sein de la CPC. Ils ont lancé plusieurs offensives contre des positions de l’armée centrafricaine, symbole du pouvoir du Président Touadéra. Dans le pays, le nouvel engagement d’Ali Darassa ne convainc pas. Le gouvernement se méfie de la sincérité d’Ali Darassa et de sa volonté de respecter l’accord de paix de Khartoum de février 2019. Dans un entretien accordé à Sputnik, Ange-Maxime Kazagui, le porte-parole du gouvernement affirme que Bangui va poursuivre et présenter à la justice tous les groupes criminels.
«Le gouvernement n’entend pas discuter avec les groupes armés qui ne veulent pas respecter l’accord politique de paix», a-t-il laissé entendre, avant d’ajouter que «la lettre de l’UPC n’est pas la cause de cette posture mais une position des autorités prise depuis un certain moment après l’attaque de la CPC».
Ali Darassa, personnage controversé
Une méfiance qui se justifie aussi par le caractère controversé du chef de guerre. En juillet 2020 déjà, le gouvernement centrafricain annonçait avoir signé un traité avec Ali Darassa, dans lequel ce dernier consentait à rentrer dans le rang en échange d’un repli sur Bambari, son quartier général. Dans le document appelé «Procès-verbal d’un huis clos» et paraphé par le Premier ministre centrafricain Firmin Ngrebada et Ali Darassa, le chef de guerre s’engageait à cesser toute activité subversive. Deux jours après, il s’est désengagé disant avoir été contraint de signer cet accord. Une volte-face qui conforte le gouvernement dans son scepticisme.
«Dans le passé, certains groupes armés ont fait une déclaration pareille et sont revenus sur leur décision pour participer aux offensives menées par la CPC. Ce qui constitue cette prudence du côté du gouvernement centrafricain», a poursuivi Ange-Maxime Kazagui.
L’UPC est présentée comme l’un des groupes les plus actifs dans l’est de la RCA où ses membres contrôlent de nombreux gisements miniers. Depuis 2013, la Centrafrique a connu deux guerres civiles et demeure le théâtre d’affrontements entre factions armées qui commettent d’innombrables violences et exactions. Une situation qui perdure malgré les différents accords de paix. Réélu pour un second mandat le 27 décembre 2020, Faustin-Archange Touadéra a annoncé le 18 mars l’organisation future d’un dialogue «républicain», dont les contours restent encore flous. Cependant, le chef de l’État a exclu tout nouveau dialogue avec les responsables de la rébellion.
Source: Sputnik