La France a menacé de sanctionner des personnalités libanaises qu’elle accuse d’être impliquées dans la corruption ou le blocage politique au Liban.
Des mesures supplémentaires pourraient être adoptées, a précisé lors d’une visite à Malte le jeudi 29 avril le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, indiquant que Paris a commencé à mettre en œuvre des mesures restrictives en matière d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités libanaises.
Alors qu’une réflexion est déjà engagée avec l’Union européenne à ce sujet, « nous avons à titre national commencé à mettre en œuvre des mesures restrictives en matière d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités impliquées dans le blocage politique en cours, ou impliquées dans la corruption », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, selon un communiqué transmis à la presse cité par l’AFP.
« Les responsables du blocage doivent comprendre que nous ne resterons pas inactifs », a-t-il prévenu, en précisant qu’il n’était pas exclu que la France adopte « des mesures supplémentaires à l’encontre de tous ceux qui entravent la sortie de crise (…) en coordination avec (ses) partenaires internationaux ».
Le ministre français n’a pas précisé quelles sont ces personnalités visées par ces sanctions. Leur identification permettra de savoir à minima quelles sont celles que la France les considèrent ainsi.
Plus d’un an et demi après les premières manifestations contre la crise bancaire et la corruption de la classe politique, plus de huit mois après l’explosion dans le port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts, des milliers de blessés, et dévasté des quartiers entiers de la capitale en août dernier, le Liban reste englué dans sa plus grave crise depuis la fin de la guerre civile de 1975-1990.
Dans la plupart des gouvernements précédents, la distribution des portefeuilles était soumise à des compromis entre les différents partis politiques libanais, et à des ententes entre le président, le Premier ministre désigné, et le chef du Parlement.
Cette fois-ci, le Premier ministre désigné Saad Hariri, refuse tout compromis avec le président, Michel Aoun, et insiste pour nommer les ministres chrétiens, au motif qu’il ne veut pas lui accorder le tiers de blocage qui lui permet d’influer sur les décisions prises au sein du cabinet ministériel. Pour sa part, le chef de l’Etat refuse de laisser M. Hariri gouverner à lui seul le pays. Il lui impute une part de responsabilité de l’effondrement économique du pays, d’autant que lui, son père Rafic Hariri et son camp ont dirigé la majeure partie des gouvernements depuis la fin de la guerre civile.