Le juge religieux suprême du royaume hachémite jordanien cheikh Ahmad Houlaïl a adressé un avertissement aux monarchies du Golfe leur disant que les choses dans son pays sont nettement plus dangereuses qu’ils ne le pensent.
« Vos frères en Jordanie sont votre dos et votre soutien… ils sont de plus en plus asphyxiés… Gare à vous si la Jordanie faiblit. Les choses sont plus dangereuses que vous ne le pensiez », a-t-il lancé lors de son prêche de vendredi, hier.
Selon le journal jordanien al-Gad, il ferait allusion à la crise économique que traverse le royaume hachémite.
Et de poursuivre : « où est donc votre générosité, votre argent et vos richesses ?
Durant son discours, le religieux jordanien a fait état d’appels lancés afin de descendre dans les rues pour protester contre la situation actuelle, rappelant ce qui s’est passé en Syrie.
« Gare à vous de la zizanie. Gare à ceux qui appellent à descendre dans les rues. Nos frères en Syrie ne sont-ils pas descendus dans les rues, que s’est-il passé pour eux ? Voulez-vous que les choses atteignent ce stade là. Vous n’avez-pas vu ce qui s’est passé en Irak, au Yémen, au Bahreïn et en Libye ? Où il n’y a plus ni stabilité et accalmie, mais seulement des fleuves de sang », a-t-il dit aussi.
Il a conclu en disant : « Je jure par Dieu L’Unique que celui à qui profite le plus ce qui se passe dans le monde arabe est les juifs qui ont tué nos fils et filles et ont violé nos lieux sacro-saints. Qu’attendez-vous que la mosquée al-Aqsa s’effondre, que Dieu nous en préserve. La Jordanie est un soutien, un appui et une aide pour nos frères et proches en Palestine ».
Interrogé sur les intentions de cheikh Houlaïl, un dirigeant de la confrérie des Frères musulmans en Jordanie cheikh Zaki Bani Irchid a expliqué que « ces propos veulent dire que nous sommes dans une crise dont nous avons toujours mis en garde ».
» Le pire est à craindre , mais il faut s’enquérir sur les causes de ce discours. On ne peut dire tout ce qui est vrai », a-t-il aussi indiqué.
Attentat dans un camp de déplacés syriens
Ces propos sont intervenus à la veille d’un attentat à la voiture piégée qui a tué ce samedi quatre civils dans un camp de déplacés syriens près de la frontière jordanienne.
Selon l’agence jordanienne Pétra, 14 personnes blessées dans l’attaque ont été transférées dans une clinique en Jordanie, près de la frontière pour y être soignées.
Quelque 85.000 déplacés se trouvent dans ce camp de fortune dans l’extrême sud de la Syrie, selon l’ONU.
situé dans une région désertique à la frontière jordanienne, il a pris son nom du poste frontalier jordanien tout proche d’Al-Rokbane, dans le nord-est du royaume.
Selon l’AFP, les autorités jordaniennes empêchent l’entrée de ces Syriens en disant soupçonner une partie d’entre eux d’être des partisans du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et en affirmant que la plupart sont venus de zones sous contrôle de l’EI, comme Raqa (nord) et Deir Ezzor (est).
Elles ne laissent passer qu’au compte-gouttes les aides humanitaires destinées à ce camp via son territoire, depuis un attentat suicide le 21 juin contre la position de l’armée la plus avancée dans la région de Rokbane qui avait tué sept militaires à la frontière.
Le royaume a ensuite décrété « zones militaires fermées » les frontières avec la Syrie et l’Irak.
La région désertique se trouve dans un triangle où se rejoignent les frontières de la Jordanie, la Syrie et l’Irak.
La Jordanie accueille plus de 600.000 réfugiés syriens selon les Nations unies, 1,4 million selon les autorités d’Amman.
En août, le roi Abdallah II a estimé que son pays avait « une grande responsabilité » par rapport aux réfugiés syriens mais qu’il avait « atteint ses limites ».