Tout s’était passé très vite ce 22 mai 2000, le premier jour où l’armée d’occupation israélienne a entamé son retrait du Liban sud après 22 ans d’occupation. Décidé depuis l’investiture du Premier ministre israélien Ehud Barak, sa date avait été précipitée en catimini. Il allait être achevé en trois jours. Contre toute attente, les résistants libanais étaient sur les pas des militaires israéliens. Et les gens du sud aussi.
A peine les militaires israéliens et leurs collaborateurs évacuaient les postes et les villages qu’ils avaient occupés, les gens les investissaient sans retard. Les combattants du Hezbollah les escortaient de très près.
Était présent parmi eux leur chef militaire, haj Imad Moughniyeh. Il était encore méconnu du grand public de la résistance. Et parmi les siens, ses hommes, il était connu sous le pseudonyme Haj Redwane.
Pendant ces trois jours de retrait, il se glissait parmi les gens sans que personne ne se rende compte de sa présence. Il se déplaçait de village en village, ordonnait la destruction des positions militaires de crainte que les forces israéliennes ne rebroussent chemin, rapporte cheikh Qaouq, membre du Conseil central du Hezbollah.
« Il traquait et ordonnait à ses hommes de traquer l’ennemi israélien de village en village parce qu’il considérait qu’il fallait qu’il se retire sous le feu pour mettre en exergue sa défaite », poursuit-il. Une semaine avant le retrait, la résistance avait réalisé une opération contre une position des collaborateurs de l’armée d’Antoine Lahad.
Une fois le retrait achevé, haj Redwan a traversé à pied Majdel Selem, puis Tallousah, jusqu’à son arrivée à Houla, ce village est situé à la frontière avec la Palestine occupée.
« Là-bas il s’est arrêté à proximité de la barrière et a pris un profond souffle. Il voulait respirer l’air de la Palestine. Ce furent les moments les plus beaux de sa vie », rapporte cheikh Qaouq.
Selon ce dernier, au moment où le Hezbollah préparait les festivités de la victoire, dans la localité de Bint Jbeil, haj Imad lui a confié que cette victoire demeurait inachevée parce des détenus libanais étaient encore séquestrés dans les prisons israéliennes et qu’il allait œuvrer pour leur libération.
Quelques heures plus tard, au moment où la fête de la libération battait son plein, et sayed Nasrallah y lançait sa célèbre phrase « Israël est plus fragile que la toile de l’araignée », Haj Imad avait disparu.
Il s’était rendu aux confins avec les hameaux de Chébaa, pour scruter le terrain et préparer une opération afin d’enlever des soldats israéliens et réclamer en échange de leur libération les détenus libanais.
Il lui a fallu six ans pour mettre en exécution son plan. Sur l’endroit même qu’il avait examiné. En juillet 2006. Ce fut le temps de la seconde guerre d’Israël contre le Liban. Au bout de ses 33 jours qui ont été un revers incontestable pour les forces israéliennes, un accord a été conclu. Les détenus libanais ont été libérés en juillet 2008.
Mais chaque fois que l’occasion se présentait, haj Imad se rendait à la frontière pour respirer l’air de la Palestine.
Un jour, il y a emmené l’ex-chef du mouvement de résistance palestinien jihad islamique, Ramadane Abdallah Challah.
Celui-ci lui avait alors récité quelques vers d’un poème du grand poète palestinien Mahmoud Darwich intitulé La Terre:
« Nous les chasserons des vases de fleurs et de la corde de la lessive
Nous les chasserons des pierres qui jalonnent ce long chemin
Nous les chasserons de l’air d’al-Jalil (Galilée) »
Il l’avait alors regardé d’un air pensif, pris un profond souffle, pour bien respirer l’air de la Palestine et lui a dit : « je te jure par tes yeux que nous allons les chasser ».
En cette année 2021, les festivités de la libération ont un goût spécial au Liban. Avec l’exploit réalisé par la résistance palestinienne dans son bras de fer militaire de 11 jours contre l’entité sioniste, cette promesse semble plus proche que jamais.
Le Hezbollah s’en est inspiré pour choisir son slogan pour cette célébration : « Résiste, tu triomphe. La Palestine triomphe. »
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Des photos de la libération du camp de séquestration et de torture de Khiam
Photos des festivités qui ont eu lieu dans les villages après la libération.
Illustrations qui commémorent cet évènement cette année
Source: Divers