L’élue démocrate américaine de la Chambre des représentants, Ilhan Omar, était critiquée jeudi 10 juin pour des propos sur Israël, notamment.
Elle a tenté d’apaiser la tempête provoquée au sein même de son parti par ses déclarations sur les «atrocités impensables» perpétrées aussi bien par l’entité sioniste et les États-Unis que le Hamas et les Talibans.
Face au tir croisé de critiques, l’élue de la Chambre des représentants a tenu à clarifier ses déclarations, sorties selon elle de leur contexte: une audition parlementaire du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
«Nous avons vu des atrocités impensables perpétrées par les États-Unis, le Hamas, Israël, l’Afghanistan et les Talibans», avait-elle tweeté lundi avec une vidéo de leur échange plus large portant sur la Cour pénale internationale (CPI).
«Pour être claire: la conversation portait sur la responsabilité» de chacun de ces quatre acteurs dans des enquêtes déjà ouvertes par la CPI, a écrit Mme Omar qui avait déjà par le passé été épinglée pour des propos sur Israël.
Elle a déclaré qu’elle ne pensait pas que ni le Hamas, ni le gouvernement afghan, ni les Talibans, ni Israël disposaient d’une justice militaire assez efficace pour enquêter de façon indépendante.
«Je ne faisais en aucune façon une comparaison entre des organisations terroristes et des pays démocratiques comptant sur des systèmes juridiques bien établis», a poursuivi l’élue de 38 ans, qui avait dit plus tôt voir dans la pluie de critiques des attaques «islamophobes».
Ses précisions ont été rapidement saluées par les chefs démocrates de la Chambre, qui ont toutefois pris soin de dénoncer ses propos.
La polémique avait enflé avec un fait rare: mercredi soir, c’est un groupe d’élus démocrates de confession juive de la Chambre qui avait publiquement, et durement, critiqué leur collègue, déjà cible régulière de l’ire des républicains et de Donald Trump.
Les explications d’Ilhan Omar n’ont en tout cas pas fait taire les critiques des républicains, qui continuaient d’appeler les chefs démocrates à «agir» pour la sanctionner après ses remarques «abjectes».
Certains pourraient réclamer un vote de censure ou pour l’évincer de son siège à la commission sur les Affaires étrangères, dès leur retour à la Chambre la semaine prochaine.
Tout dépendra du nombre de démocrates, qui contrôlent une étroite majorité à la Chambre, prêts à soutenir ces initiatives.
Ilhan Omar a elle confié avoir reçu une «avalanche de menaces de mort» depuis lundi et estimé que le premier communiqué des démocrates contenait des «stéréotypes islamophobes (…) insultants». Elle s’est aussi indignée qu’ils n’aient pas répondu à ses appels téléphoniques avant de le publier.
«Citer un dossier ouvert» par la CPI «ne revient pas à faire une comparaison et ne vient pas de préjugés profondément ancrés», s’est-elle défendue.
«Stéréotypes islamophobes»
Plusieurs élus de l’aile gauche du parti à la Chambre, en dénonçant une «diabolisation», la défendaient jeudi. «Marre de la calomnie, de la caricature malintentionnée et des critiques publiques constantes d’Ilhan Omar venant de notre groupe parlementaire», a tweeté Alexandria Ocasio-Cortez.
«Ils n’ont aucune idée du danger qu’ils font peser sur elle», en faisant remonter l’affaire dans les médias sans lui en parler «en privé».
En 2019, Ilhan Omar avait été épinglée à la Chambre pour son soutien à la campagne internationale de boycott d’Israël, puis pour ses propos sur le lobby pro-Israël Aipac.