Durant la guerre 2006, Israël a été incapable d’empêcher les tirs de roquettes du Hezbollah en direction des colonies et des villes en Palestine occupée.
Les médias israéliens l’ont constaté à partir du début d’août 2006, 14 jours avant la cessation des hostilités. Et puis rien!
A vrai dire, le Hezbollah n’a commencé ses tirs que le 13 juillet, au lendemain de son opération « Promesse tenue », au cours de laquelle il a attaqué une Humvee israélienne, à la frontière entre le Liban (Khalet Wardé) et la Palestine occupée. Tuant trois soldats israéliens et en capturant deux autres, puis détruisant le véhicule.
Il en a tué 4 autres lorsque, un char israélien Merkava Mark II a tenté de poursuivre le commando du Hezbollah pour libérer les soldats capturés, lorsqu’une mine de 200 à 300 kilogrammes a explosé à son passage et un cinquième qui tentait de récupérer les corps des soldats du char incendié, touché par des tirs.
La veille, quelques heures après cette opération à travers laquelle le Hezbollah voulait négocier la libération du doyen des détenus libanais dans les prisons israéliennes Samir al-Qintar, Israël avait lancé des raids aériens détruisant des routes et une douzaine de ponts, au motif d’empêcher le Hezbollah de faire sortir les deux captifs israéliens du sud-Liban.
Le lendemain matin, il a bombardé l’aéroports international de Beyrouth, ainsi qu’une petite base aérienne de l’armée libanaise a Riaq, à l’est du Liban et un petit aéroport militaire à Qoleyaat, à son nord.
C’est alors que le Hezbollah a tiré 90 roquettes de type Grad BM-21 contre les colonies de Naharia, Safad, ainsi que la ville de Haïfa.
Pendant les 33 jours de guerre, ces tirs de roquettes, des Fajr-3 et des Zelzal-2 n’ont connu aucun répit, selon les rapports israéliens.
Mesurant leur cadence, Uzi Rubin, qui impliqué dans les programmes militaires israéliens de recherche, de développement et d’ingénierie depuis près de quarante ans en a recensé 100 par jour, pendant les 16 premier jours de la guerre, jusqu’au 30 juillet.
Pendant la seconde moitié, jusqu’au cessez-le feu le 14 août, il constate que leur cadence a doublé, au rythme de 200 par jour.
Et jusqu’à la fin de la guerre, la résistance libanaise en avait tiré 4.228 sur les colonies de la Palestine occupée.
« Les contre-attaques israéliennes n’ont apparemment eu aucune influence sérieuse sur la cadence de tir du Hezbollah », en conclut Rubin qui se présente aussi comme ayant été entre 1991 et 1999, été à la tête de l’Organisation de défense antimissile d’Israël et ayant, à ce titre, a supervisé le développement du système de défense antimissile israélien Arrow. Il constate que le 13 août, la veille du cessez-le-feu, « 250 roquettes ont atterri en ‘Israël’ ».
Un constat d’échec avéré, d’autant plus gravissime au regard de la supériorité militaire israélienne, surtout en matière d’aviation aérienne, de surveillance satellitaire et autres. Les raids aériens israéliens durant cette offensive ont frisé les 5.000.
Et depuis, la question est restée en suspens : pourquoi Israël a-t-il été incapable d’empêcher ou au moins de freiner les tirs de roquettes. Même Rubin ne répond pas à cette question.
Le numéro un du Hezbollah s’en est chargé, en livrant le secret dans un discours prononcé six années plus tard, en 2012.
Il a parlé d’une opération militaire israélienne qui a été réalisée le 14 juillet 2006, deux jours après le lancement des hostilités. Elle n’a jamais été évoquée par les médias israéliens.
Elle était baptisée « Poids de qualité » ou « Poids spécifique » selon la traduction de l’arabe de son discours. Aucun des médias israéliens n’en a parlé. Sayed Nasrallah n’a pas non plus précisé sa source, ni sa date.
Selon lui, les dirigeants israéliens, ayant assuré avoir récolté des informations bien précises sur l’emplacement des plateformes des roquettes de moyenne et longue portée du Hezbollah au Liban, et avoir effectué les exercices aériens nécessaires pour les bombarder, étaient venus demander au cabinet ministériel l’autorisation de la mettre en exécution et surprendre le Hezbollah en les détruisant.
« Une fois la demande ratifiée, une heure plus tard, 40 avions israéliens ont lancé des raids simultanés contre 40 cibles pendant 34 minutes supposant avoir détruit toutes les cibles », relate sayed Nasrallah.
Et de poursuivre dans son discours : « Dan Halutz (le chef d’état-major à cette époque) a contacté Ehud Olmert (qui était alors Premier ministre) et lui a dit nous avons vaincu. La guerre est terminée. Et le secrétaire général du Hezbollah s’est évadé à Damas ».
Selon Sayed Nasrallah, les dirigeants israéliens ont parlé de cette opération, en exposant l’effort sécuritaire intensif qu’elle a nécessité pour récolter les renseignements, les manœuvres qui ont été réalisées et le budget colossal qui lui a été fourni. Selon lui, ils ont comparé cet exploit supposé à ce qui s’était passé pendant la guerre de 1967, lorsque l’armée de l’air israélienne avait bombardé la flotte aérienne militaire égyptienne, détruisant et neutralisant quelque 420 avions de combats au sol, dans les aéroports et aérodromes où ils étaient encore stationnés.
« Or la résistance avait découvert à l’avance le agissements israéliens autour des plateformes des roquettes et elle a joué le jeu, laissant les Israéliens croire qu’ils ont obtenu des informations précises », souligne le chef du Hezbollah.
Selon lui, « ceci a été possible grâce au cerveau sécuritaire créatif de Haj Imad Moughniyeh », qui était le commandant en chef militaire de la résistance islamique.
« Il a su qu’Israël savait où se trouvent les plateformes. A ce stade-là, la résistance a réalisé son deuxième exploit. Elle a changé l’emplacement de ces plateformes sans que les Israéliens n’en sachent rien et les a planqués dans des endroits qui leur étaient inconnus ».
Et de conclure : « La plupart des cibles qui ont été frappées étaient vides… cette opération devrait être baptisée « Illusion spécifique » et non « Poids spécifique ».
La version de Sayed Nasrallah tient sa crédibilité du fait qu’elle a été occultée par les Israéliens d’une part.
De l’autre , c’est la moindre des mesures à attendre d’une armée digne de ce nom dans une guerre pareille. D’autant qu’elle a été sa raison d’être, Olmert, s’étant fixé dès son déclenchement, entre autres, de mettre fin aux tirs de roquettes de la résistance libanaise.
Ironie de l’histoire : Tsahal est retombée dans le même piège, lors de la dernière bataille qu’elle a menée contre la résistance palestinienne, le mois de mai dernier. Pendant les 11 jours de l’opération Epée d’al-Qods, elle n’a pu faire taire les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza. Il semble qu’elle n’a pas encore tiré les leçons de la première.
Source: Divers