Les cargaisons de carburant iranien qui seront envoyées au Liban, tel que l’a annoncé le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah, pour faire face à la pénurie sévère qui sévit dans le pays, ont été achetées par « un groupe d’hommes d’affaires libanais », selon une agence de presse officieuse iranienne.
Selon les informations de Nournews, citées par Reuters, ces cargaisons sont dès lors « considérées comme la propriété » de ces hommes d’affaire « dès leur chargement » à bord du navire, une tentative de contourner les sanctions US menaçant le Liban.
Dans intervention télévisée à l’occasion du deuil d’Achoura, Sayed Nasrallah avait annoncé qu’un premier navire chargé de « tonnes » de mazout iranien prendra la mer « dans quelques heures » pour le Liban.
Le numéro un du Hezbollah a prévenu « Américains et Israéliens » que dès son appareillage « jusqu’à son arrivée dans les eaux de la Méditerranée » ce navire « sera considéré comme territoire libanais ».
Il avait souligné avoir été obligé de prendre une telle décision au vu du manque de réaction des autorités libanaises face à la crise.
Sayed Nasrallah a également précisé que les « détails techniques » sur ce point seront fournis à l’arrivée du cargo en Méditerranée.
Les pénuries se sont aggravées la semaine dernière avec l’annonce faite par la Banque du Liban d’un arrêt de subvention des importations.
Cette décision n’est pas encore entrée en vigueur en raison de la levée de bouclier des autorités politiques, mais aucune solution n’a été trouvée jusqu’à présent.
Les ennemis vont tout faire
En pleine disette d’essence et de mazout, cette arrivée d’un tanker iranien sera une aide quasi miraculeuse pour le peuple du pays du Cèdre.
«C’est une opération louable», estime Paul Khalifeh, rédacteur en chef au Mensuel, correspondant au Liban et en Syrie pour RFI et professeur à l’université Saint Joseph de Beyrouth.
«Mais ses ennemis internes vont tout faire pour que ça ne soit pas le cas. Dans certaines régions, ils bloqueront les convois des citernes. Pour éviter une victoire du Hezbollah, les partis adverses seraient prêts à affamer le peuple plutôt que de reconnaître que le Hezbollah a trouvé une solution là où ils ont tous échoué», affirme le journaliste, cité par Sputnik.
Marche arrière US
Parallèlement, quelques heures après l’annonce du Hezbollah, les Etats-Unis ont fait marche arrière dans leur blocus imposé sur le Liban.
L’ambassadrice US au Liban, Dorothy Shea, a annoncé au chef de l’Etat, Michel Aoun, vouloir faciliter l’importation de gaz égyptien via la Syrie et la Jordanie à travers le financement de la Banque Mondiale, un projet vieux d’une vingtaine d’année qui vise à améliorer la structure des coûts de l’Electricité Du Liban via la conversion de ses centrales de production du fioul au gaz.
« Le président (Michel) Aoun a reçu un appel téléphonique de l’ambassadrice (…) l’informant de la décision de l’administration américaine d’aider le Liban à acheminer de l’électricité de la Jordanie à travers la Syrie », a indiqué la présidence libanaise.
Ce projet cependant se heurte à des détails techniques comme la conversion de ces centrales elles-mêmes mais également à la remise en état du gazoduc censé fournir le Liban.
Les pannes de courant culminent aujourd’hui à plus de 22 heures par jour et, en l’absence de fioul, les générateurs de quartier, qui prennent habituellement le relais, rationnent aussi les foyers.
Sources: AlManar + Libnanews + AFP + OLJ + Sputnik