‘Israël’ semble plus qu’embarassé par l’annonce faite par le numéro un du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah qu’un navire transportant du mazout allait appareiller depuis l’Iran vers le Liban.
Depuis que le pays du cèdre est frappé par une crise économique et financière inédite marquée entre autres par des pénuries en cascade des denrées de première nécessité, une seule chose préoccupe les responsables israéliens : que le Hezbollah, l’ennemi numéro un d’Israël, n’en tire profit et renforce son influence parce qu’il en est capable. Ce fut leur principale recommandation aux Américains qui chapeautent via leur ambassadrice au Liban la manipulation de cette crise qu’ils ont causée via leur politique de blocus, destinée à faire plier le peuple libanais, selon l’analyse du Hezbollah.
Or, en annonçant l’importation des hydrocarbures depuis l’Iran, le Hezbollah qui « entreprend pour la première fois ce genre de démarche », selon les termes de sayed Nasrallah, fait figure de sauveur du Liban. Au sein de l’opinion publique, un grand soulagement est exprimé, toutes tendances confondues, à en croire les réactions sur les réseau sociaux. La pénurie de cette denrée vitale avait touché les hôpitaux, les boulangeries, les centrales électriques et les générateurs de quartiers et menacent de paralyser tous les aspects de la vie.
Même la décision prise soudainement et directement après cette annonce par l’ambassadrice américaine Dorothy Shea de permettre l’acheminement de gaz égyptien vers le Liban en passant par la Jordanie et la Syrie y est perçue comme une réponse à cette décision historique du Hezbollah et renforce son bien fondée. D’autant qu’elle oblige les Etats-Unis à briser le blocus qu’ils imposaient et à passer outre des sanctions contre la Syrie Ceasar Act .
Même leur homme de main dans la Banque du Liban, son gouverneur Riad Salamé qui menaçaient récemment de lever les subventions sur cette denrée indispensable se trouve dans l’embarras. Pour la première fois depuis 30 ans, le financement des importations ne passe plus par lui.
La rumeur démentie par la Reuters après lui avoir été attribuée, arguant que des responsables israéliens ne permettront pas au navire d’arriver au Liban, illustre qu’Israël ne restera pas les bras croisés devant une telle initiative. Mais le choix à faire n’est pas à portée de la main, estiment les experts israéliens qui invitent les responsables israéliens à étudier minutieusement l’utilité de saboter les navires et qui pourrait avoir l’effet inverse de celui escompté .
« Nasrallah s’est mobilisé pour être le sauveur actuel du Liban à travers l’aide iranienne qui prendra la forme des pétroliers acheminés depuis l’Iran jusqu’au Liban. Nasrallah dit qu’il paiera à l’Iran en devise locale », a écrit Ami Rohaqs Domba pour le site israélien Israel Defense.
« Nasrallah a annoncé que lorsque le navire aura pris le large depuis l’Iran jusqu’au Liban il sera considéré comme un territoire libanais… Nasrallah a établi une équation selon laquelle il répliquera à toute attaque contre le navire au nord d’Israël », a en déduit le chroniqueur israélien.
Excluant l’éventualité selon laquelle le navire serait utilisé pour acheminer des armements, il expose le défi que cela présente pour l’entité sioniste.
« Nasrallah sera considéré comme un héros national. Avouons-le , Nasrallah n’est pas naïf pour transporter des armes à bord des navires en provenance d’Iran. Si cela se passe la ligne des navires deviendra routinière », a-t-il averti dans son article traduit par le site web de la télévision d’information libanaise al-Mayadeen.
Selon lui, c’est la première fois que le Hezbollah s’adosse directement la responsabilité de subvenir aux besoins quotidiens du peuple libanais et pas seulement de son organisation.
« Nasrallah a mis Israël dans un dilemme : si l’armée israélienne sabote l’action des navires le public libanais va accuser Israël qu’il est derrière la pénurie de carburant au Liban. Et Nasrallah récupèrera sa légitimité en tant que parti qui combat Israël. Et toutes les prévisions selon lesquelles la crise économique creusera un fossé entre le Hezbollah et le public libanais seront enterrées », estime Domba.
En revanche, « si l’armée israélienne ne sabote pas les navires, et s’ils parviennent au Liban, Israël craint que l’Iran, via le Hezbollah, n’acquiert une légitimité politique plus ample », fait-il remarquer.
Et d’en déduire : « Le choix d’un État défaillant comme le Liban d’aujourd’hui ne contribue pas à la sécurité nationale d’Israël. Gérer une crise sécuritaire avec un parti politique fort et central, même s’il est hostile à « Israël », est plus facile que de la gérer avec un État divisé en régions, dans chacune desquelles opère une organisation terroriste différente ».
A partir de là, le journaliste israélien propose en revanche à ‘Israël’ des moyens plus perfides, autres que de frapper les navires, pour faire échouer l’entreprise du Hezbollah. Celle de l’accuser de vouloir distribuer le carburant à ses éléments et aux organisations qui lui sont affiliées et de diffuser ceci dans les médias mondiaux pour embarrasser Nasrallah ».
« Ces images saperont davantage la légitimité du Hezbollah aux yeux du public libanais et serviront de clou, qui ne tardera pas à élargir (son champ) en raison de la crise économique dans le pays », croit-il deviner comme conséquences à cette campagne d’accusations mensongères.
Jusqu’à présent, aucune position officielle israélienne n’a été exprimée sur la façon de répondre à la décision Hezbollah. Si ce n’est les raids perpétrés dans la nuit de jeudi à vendredi contre la Syrie.
« Les politiciens en Israël sont confus et préfèrent garder le silence », rapporte l’expert palestinien des questions israéliennes pour al-Mayadeen Alif Sabbagh. Le dilemme est là.
Source: Divers