Confronté à un ultimatum des talibans, Joe Biden a confirmé mardi 24 août la date butoir du 31 août pour terminer la « mission » de l’armée américaine en Afghanistan.
Lors d’un sommet virtuel avec ses homologues du G7, le président des Etats-Unis a donc opposé une fin de non-recevoir aux alliés de Washington qui plaidaient avec insistance pour une prolongation de la présence militaire américaine, afin de laisser plus de temps aux exfiltrations d’Afghans jugés à risque dans leur propre pays depuis la prise du pouvoir par les talibans.
« Nous sommes actuellement sur la voie de terminer d’ici le 31 août » la « mission » visant à « évacuer les gens aussi efficacement et sûrement que possible », a-t-il déclaré lors d’une allocution retardée à plusieurs reprises.
« Risque grave »
Le 46e président des Etats-Unis avait lui-même fixé cette date du 31 août pour le retrait total des forces étrangères, après avoir dans un premier temps évoqué l’échéance fortement symbolique du 11 septembre, vingtième anniversaire des attentats de 2001 à New York et Washington.
Pour justifier son maintien après avoir été pris au dépourvu par la victoire éclair des talibans sur l’armée gouvernementale à la faveur de ce retrait américain, il a invoqué mardi le « risque grave et croissant d’une attaque » de Daesh.
« Chaque jour d’opérations apporte un risque supplémentaire pour nos troupes » de la part de cette organisation…, a-t-il martelé.
Le dirigeant démocrate a fait valoir que Washington avait déjà contribué à l’évacuation de 70.700 personnes — dont 4.000 ressortissants américains — depuis la mise en place du pont aérien le 14 août, veille de l’entrée des talibans dans Kaboul et de leur prise du pouvoir.
« Ligne rouge »
Des milliers d’Afghans sont massés depuis des jours à l’aéroport de la capitale, certains avec leur famille entière, dans l’espoir de pouvoir entrer et monter dans un des avions affrétés par les Occidentaux qui se succèdent sur le tarmac.
Avant l’annonce du président américain, les talibans avaient énergiquement répété leur opposition « ferme » à toute extension des évacuations au-delà du 31 août — présentée la veille comme une « ligne rouge ».
Lors d’une conférence de presse, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a sermonné les Occidentaux, accusé de vider le pays de ses forces vives en évacuant les Afghans qui ont travaillé avec eux, souvent parmi les plus qualifiés.
Les Occidentaux « ont des avions, ils ont l’aéroport, ils devraient emmener leurs ressortissants (…) hors d’ici », a-t-il déclaré. Mais « ils ne devraient pas encourager les Afghans à fuir l’Afghanistan » ni emmener avec eux des Afghans qualifiés, ingénieurs ou autres.
« Nous leur demandons d’arrêter cela (…) Ce pays a besoin de son expertise », a-t-il insisté.
Lors de la réunion du G7 avec les dirigeants de l’Allemagne, du Canada, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, l’Union européenne avait demandé à Joe Biden de sécuriser l’aéroport de Kaboul « aussi longtemps que nécessaire » pour « achever » les évacuations.
D’après le Washington Post, le directeur de la CIA William Burns a eu un entretien confidentiel lundi à Kaboul avec le cofondateur des talibans, Abdul Ghani Baradar — la plus haute rencontre à ce niveau entre les Etats-Unis et le régime des talibans depuis son retour au pouvoir.
Source: Avec AFP