Les autorités maliennes ont été prévenues par la ministre française des Armées que si elles décidaient de se tourner vers les mercenaires du groupe Wagner, leur pays perdrait le « soutien de la communauté internationale ». Florence Parly a déclaré au Sénat qu’elle jugeait « inacceptables » les propos que le Premier ministre malien a tenus à l’Onu.
Interrogée par les sénateurs au sujet de la réorganisation de l’opération Barkhane au Mali, ainsi que sur l’appel de ce pays à la société paramilitaire privée russe Wagner, Florence Parly a expliqué qu’elle avait été claire avec les autorités maliennes en les mettant en garde contre cette décision.
« Si le Mali engage un partenariat avec des mercenaires, le Mali s’isolera, il perdra le soutien de la communauté internationale pourtant très engagée et il abandonnera des pans entiers de sa souveraineté », a-t-elle anticipé lors des questions au gouvernement ce 29 mercredi.
Elle a en outre affirmé qu’elle leur avait détaillé « ce que la France pensait de Wagner et ce qu’elle pensait des mercenaires d’une manière générale ».
« Pour nous, les choses sont claires: il n’est pas possible de cohabiter avec des mercenaires », a ajouté Florence Parly.
En ce qui concerne les propos tenus à l’Onu par le Premier ministre malien, Choguel Maïga, qui avait accusé la France d’avoir abandonné son pays, la ministre française des Armées les a qualifiés d’ »inacceptables », en soulignant qu’il était « proprement indécent » de s’exprimer ainsi le lendemain de la mort d’un des soldats français déployés au Mali.
« Non la France ne se désengage pas au Mali. Il est scandaleux de faire croire que la France s’en va; elle reste pleinement mobilisée », a martelé la ministre en réponse à la question du sénateur centriste, Olivier Cigolotti.
Le Mali est aujourd’hui dirigé par un gouvernement de transition où les postes clés sont revenus encore une fois aux militaires après qu’Assimi Goïta, le colonel à l’origine du coup d’État d’août 2020, a prêté serment en tant que Président. Des élections sont prévues pour le mois de février 2022.
En moins d’un an, le pays a vécu deux coups d’État: le premier lundi 24 mai, puis un second le 18 août 2020, effectué par le groupe de colonels maliens commandé par Assimi Goïta.
La France a pour sa part, déclaré après le renversement des autorités du 24 mai avoir « décidé de suspendre les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes » et rester « dans l’attente de garanties » sur un retour des civils au pouvoir à l’issue d’élections prévues pour le mois de février.
La réaction de Moscou
Après que Bamako a pris langue avec le groupe privé russe Wagner, le ministre des Affaires étrangères russe a expliqué que, d’après lui, ces contacts entre les autorités maliennes et les mercenaires résultaient du fait « que ceux qui [avaient] promis de les aider à éradiquer le terrorisme diminu[aient] leur assistance », et qu’alors le gouvernement se tournait vers une autre partie.
« Le Mali s’est adressé à une société militaire privée russe puisque, si je comprends bien, la France veut réduire considérablement son contingent dans ce pays qui était censé lutter contre les terroristes retranchés dans la commune de Kidal », a analysé le chef de la diplomatie russe.
Selon Sergueï Lavrov, les troupes françaises « n’ont rien réussi à faire et les terroristes y mènent le bal ».
Pour sa part, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé le 15 septembre que Moscou ne négociait aucune présence militaire au Mali, après que l’agence de presse Reuters avait relayé des informations quant à l’éventuelle conclusion d’un accord entre Bamako et la société privée russe Wagner.
Source: Sputnik