La Turquie voit surgir la Chine qui la montre du doigt en lui demandant de cesser de violer les droits de l’Homme en Syrie. La Chine intervient de plus en plus directement sur le terrain international alors que les États-Unis et l’UE sont en perte de vitesse et de pouvoir pour résoudre les conflits dans le monde et surtout pour maintenir la paix.
La Chine, accusant directement un membre de l’OTAN, semble soutenir, ainsi, l’action géopolitique de la Russie, mais surtout, voit le jeu trouble entre Ankara et Washington d’un mauvais œil.
Le site de la Radio et Télévision de Turquie (TRT) s’insurge contre la Chine ce jeudi 28 octobre 2021 en titrant « Ankara fustige Pékin : “Nous n’avons rien à apprendre de ceux qui violent les droits de l’Homme” ». La Turquie dénonce la Chine quand celle-ci accuse Ankara de violer les droits de l’Homme en Syrie.
Observateur Continental a informé ses lecteurs que l’armée turque, comme indiquée par l’agence de presse officielle de la Syrie, Sana, intervient en Syrie : le 21 octobre 2021 « La Turquie envoie des armes ultramodernes de l’OTAN en Syrie ».
L’agence de presse de l’État syrien informe le 28 octobre que « la Chine réitère son soutien à la Syrie dans la lutte contre le terrorisme », et explique que « le représentant permanent adjoint de la Chine auprès des Nations unies, Geng Shuang, a réaffirmé la nécessité de lever les mesures coercitives injustes imposées à la Syrie, de mettre fin à toute présence étrangère illégale sur ses territoires et de soutenir les efforts pour parvenir à un règlement politique de la crise en Syrie ».
La Turquie est furieuse et fait dire par son média (TRT) : « Les propos du représentant chinois interviennent une semaine après la déclaration conjointe, dans laquelle 43 pays, dont la Turquie, ont exprimé leur inquiétude face aux violations des droits de l’homme contre les Turcs ouïghours ». Et, « le représentant permanent de la Turquie auprès des Nations unies (ONU), Feridun Sinirlioğlu, a vivement réagi contre son homologue chinois qui a appelé la Turquie à “respecter le droit international sur les droits de l’homme en Syrie” ». Le média d’État turc rajoute : « Lors de la session du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la Syrie [du 27 octobre 2021], Geng Shuang, représentant permanent de la Chine auprès de l’ONU, a tenu la Turquie pour responsable de la baisse du niveau d’eau de l’Euphrate et des coupures dans l’installation d’eau d’Allouk. Il a également accusé la Turquie d’envahir le nord-est de la Syrie, tout en l’appelant à respecter le droit international humanitaire».
Dans une allocution prononcée lors d’une séance du Conseil de Sécurité tenue en date du 27 octobre 2021, Geng Shuang a dit que la Syrie souffre toujours de l’occupation étrangère, des mesures coercitives unilatérales et du terrorisme, insistant sur la nécessité de lever immédiatement les mesures coercitives qui se contredisent avec les efforts déployés par la Communauté internationale pour régler la crise. Geng Shuang a exprimé le soutien de son pays à la Syrie dans la lutte contre le terrorisme qui constitue un fléau contre l’humanité, appelant le Conseil de Sécurité à adopter une position claire vis-à-vis du terrorisme en Syrie et à rejeter la politique de deux poids deux mesures à cet égard. En ce qui concerne la situation humanitaire, Geng Shuang a appelé la communauté internationale à accorder un grand intérêt à ce sujet et à aider le peuple syrien à faire face aux multiples défis, soulignant dans ce contexte que les mesures coercitives unilatérales avaient aggravé les conditions économiques et humanitaires en Syrie.
Lors de la réunion du Conseil de Sécurité de ce mercredi 27 octobre 2021 consacrée à la situation en Syrie, le chef de l’humanitaire de l’ONU (secrétaire général adjoint des Nations unies aux Affaires humanitaires), Martin Griffiths, a prévenu que la crise humanitaire dans ce pays continuait de s’aggraver : « La vie quotidienne en Syrie devient de moins en moins abordable. Plus de 90% de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté ».
L’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s’est également inquiété de la « grave situation humanitaire » et de la poursuite de la violence sur le terrain : « La violence doit cesser. Je continue d’appeler à un cessez-le-feu à l’échelle nationale et de souligner les obligations en vertu du droit international humanitaire de protéger les civils et les infrastructures civiles ».
La Chine et la Turquie s’affrontent sur le terrain syrien pour le moment via la diplomatie.
Par Olivier Renault
Source : Observateur continental