Les derniers développements en cours en Afrique laissent présager une concurrence malsaine entre l’Egypte et l’Arabie Saoudite.
Fin 2016, une délégation des pays du Golfe a visité le barrage éthiopien an-Nahda, un sujet de friction entre le Caire et Addis Ababa.
Cette année même , le Soudan a changé de politique, em se distanciant de l’Iran et en se retournant vers l’Arabie Saoudite.
Dans le cadre de ce changement de cap, le président Omar el-Béchir s’est rendu dans la même année à Riyad, une visite qui a coïncidé avec une levée partielle des sanctions américaines sur Khartoum.
Face à cette percée saoudienne, l’Egypte qui dominait jusque-là les pays du bassin du Nil s’est trouvée en position de défense. Dernièrement, une activité politique accrue a été enregistrée sur l’axe Caire-Kampala (Ouganda) et celui Caire-Juba (sud Soudan). Cette activité s’est couronnée par une visite du président égyptien à la capitale ougandaise, et une autre effectuée par le président du Sud Soudan Salva Kiir au Caire.
Ces développements ont soulevé des interrogations sur ce qui se passe dans les coulisses de la diplomatie égyptienne, surtout que ces deux visites ont coïncidé avec des accusations éthiopiennes à caractère sécuritaire.
Selon des sources à Addis Ababa, il est question de projets « sales » dont l’objectif est de « saboter le barrage an-Nahda », partant du soutien aux rebelles Oromo, arrivant au soutien accordé à Salva Kiir dans la confrontation militaire ouverte contre ses opposants.
Dans ce contexte, plusieurs événements marquent la politique étrangère égyptienne: la tension entre Riyad et le Caire, suite à l’affaire des deux îles Tiran et Sanafir mais aussi à la nouvelle approche égyptienne sur la Syrie.
Sur un autre plan, l’activité diplomatique égyptienne dans la corne africaine s’est placée dans la réplique à la nouvelle politique adoptée par le Soudan. Des sources égyptiennes ont fait entre autre état d’entrainements militaires au mouvement Hasm, affilié aux Frères musulmans, et accusé de responsabilité dans plusieurs attentats terroristes.
Infiltration saoudienne
Mais cette activité égyptienne ne plait pas à certains pays régionaux, à leur tête l’Arabie Saoudite, qui a immédiatement transposé son différend récent avec le Caire sur la scène africaine, notamment dans le carré stratégique pour la sécurité nationale égyptienne: l’Ethiopie, le Soudan, Djibouti, l’Erythrée.
Au début, l’action saoudienne n’a pas suscité le doute égyptien, surtout qu’elle était liée à la lutte contre la soi-disant « domination iranienne dans la corne africaine », à la sécurisation des passages maritimes en pleine guerre contre le Yémen, à la signature d’un accord de coopération avec l’Erythrée, et au transfert du don saoudien destiné à l’armée libanaise au Soudan.
Mais la visite du conseiller du roi saoudien le mois dernier au barrage an-Nahda a provoqué l’ire de l’Egypte.
S’exprimant au journal al-Akhbar, Hani Reslan, directeur du département d’études du Soudan et des pays du bassin du Nil au centre al-Ahram d’études politiques, explique que « cette visite vise à harceler l’Egypte. L’Arabie Saoudite s’est toujours distanciée de la crise du barrage an-Nahda ».
Pour l’ancien vice-ministre égyptien des affaires étrangères pour les questions africaines, Maassoum Marzouk, la visite saoudienne est une erreur, surtout qu’elle a révélé les mauvaises intentions de l’Ethiopie.
Il s’agit d’une mauvaise évaluation de la situation de la part de Riyad et d’une mauvaise intention de l’Ethiopie. C’était une forme de pression politique sur l’Egypte, estime-t-il dans une interview au journal al-Akhbar.
Concurrence sur les deux Soudan?
On ne peut séparer la friction entre l’Egypte et l’Arabie Saoudite des deux visites suspectes effectuées à quelques jours d’intervalle par Salva Kiire, et par Omar el-Béchir au Caire.
Ces deux visites ont suscité plusieurs interrogations, surtout qu’elles marquent un tournant dans les relations entre Juba et Khartoum avec Riyad et le Caire. Bien que le rapprochement soudanais de Riyad n’ait pas été surprenant, ceci marque toutefois la mise en place d’un nouvel axe dans la Corne de l’Afrique, au vu de l’expansion saoudienne rapide.
Traduit du site al-Akhbar
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