La Banque mondiale s’est inquiétée à son tour jeudi de la flambée des prix alimentaires, qui battent de nouveaux records en raison de la sécheresse aux Etats-Unis et menacent la « santé et le bien-être » de millions de personnes.
« Nous ne pouvons pas tolérer que cette envolée historique des prix fasse peser un risque permanent » sur les populations pauvres, s’est alarmé dans un communiqué le président de l’institution, Jim Yong Kim.
Plus de trois ans après les émeutes de la faim de 2007-2008, la Banque mondiale (BM) s’inquiète tout particulièrement du niveau « sans précédent » atteint dès juillet par les cours mondiaux du maïs et du soja, deux produits de base de l’alimentation dans de nombreux pays en développement.
Entre juin et juillet, les prix du maïs et des graines de soja ont respectivement bondi de 25% et 17% alors que les prix alimentaires dans leur ensemble augmentaient de 10%, selon les données de la BM.
La tendance s’est poursuivie fin août où ces deux céréales ont atteint de nouveaux sommets. En outre, jeudi à la Bourse de Chicago, le contrat de référence sur le boisseau de blé a clôturé à 9,03 dollars, contre environ 6,5 dollars fin 2011.
Sur cette même période, le contrat de référence sur le soja a quasiment doublé pour s’établir à 17,6 dollars.
« Les prix alimentaires ont encore augmenté brutalement et menacent la santé et le bien-être de millions de personnes », a résumé M. Kim.
Selon la BM, la hausse a été particulièrement marquée dans certains pays d’Afrique. Au Mozambique, le prix du maïs a flambé de 113% entre juin et juillet, tandis que le sorgho – parfois utilisé comme céréale alternative au maïs – a vu son coût bondir de 220% au Soudan du Sud et de 180% au Soudan.
« L’Afrique et le Moyen-Orient sont particulièrement vulnérables », a résumé M. Kim.
Et l’avenir n’incite pas à l’optimisme: les prix devraient rester « élevés et volatils » sur le long terme en raison notamment des « incertitudes croissantes sur la production agricicole, s’inquiète l’institution.
Début août, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait livré le même diagnostic, assurant que la situation pourrait « se détériorer très rapidement ».
De l’ONU au G20 en passant par la Banque mondiale, tout le monde s’accorde sur les causes de la flambée: la sécheresse qui frappe depuis plus de deux mois les Etats-Unis, premier exportateur mondial de maïs et de soja, et un été particulièrement sec en Europe de l’Est (Russie, Ukraine…).
Les réponses politiques à la crise font en revanche débat.
Selon l’organisation non-gouvernementale Oxfam, ces données « devraient réveiller les gouvernements et leur faire prendre conscience qu’une action sur la volatilité des prix alimentaire est requise d’urgence ».
« Mais on ne sait pas vraiment s’ils écoutent », a indiqué dans un communiqué Colin Roche, un porte-parole de l’ONG.
Dans son communiqué, la Banque mondiale se dit « prête » à augmenter son programme d’assistance à l’agriculture, auquel elle a prévu de consacrer jusque-là plus de 9 milliards de dollars en 2012.
Mardi, le G20 avait estimé que la situation actuelle sur les marchés agricoles était « préoccupante » mais « qu’aucune menace » ne pesait sur la sécurité alimentaire mondiale.
Les vingt principaux pays industrialisés et émergents avaient alors décidé d’attendre les prochaines prévisions agricoles aux Etats-Unis, qui doivent être publiées le 12 septembre, avant de décider de prendre d’éventuelles mesures.
« Cette attitude attentiste est inacceptable », a dénoncé Oxfam. Ces pays « doivent agir maintenant, avant que l’évolution des prix ne soit totalement hors de contrôle et ne pousse davantage de gens dans la famine », a ajouté l’ONG.
Source: Avec AFP