Les armes nucléaires américaines pourraient se retrouver en Europe de l’Est si l’Allemagne refuse de les installer sur son territoire, a déclaré le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg la semaine denière à Berlin tout en pointant du doigt la Russie et la Chine.
A la Conférence NATO Talk 2021, organisée par la Société atlantique allemande (German Atlantic Association), le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a souligné le vendredi 19 novembre 2021 en ces termes l’importance de l’unité transatlantique face aux défis d’aujoud’hui: «Ces défis sont tous très différents, mais ils ont une chose en commun, à savoir que la meilleure manière d’y répondre est de rester unis, grâce à une Europe et à une Amérique du Nord unies au sein de l’Otan». Jens Stoltenberg a déclaré que «la Russie poursuit son renforcement militaire massif, comme nous le voyons maintenant autour des frontières de l’Ukraine, et elle a montré sa volonté d’utiliser la force militaire contre ses voisins».
Ciblant aussi la Chine, ce-dernier a indiqué que «pendant ce temps, la Chine utilise sa puissance pour contraindre d’autres pays et contrôler son propre peuple, elle investit massivement dans les nouvelles technologies, comme les véhicules à glissement hypersonique et élargit son empreinte économique et militaire mondiale en Afrique, dans l’Arctique et dans le cyberespace».
L’Otan déclare, donc, de manière officielle que «la Russie mène des actions agressives» et qu’ elle «s’ingère dans les affaires des autres pays» et qu’elle «a investi de manière significative dans des capacités militaires, y compris de nouvelles armes nucléaires avancées» et qu’elle «doit prendre en compte les conséquences pour sa sécurité, la montée de la Chine». La Chine, selon l’Otan, même si l’Alliance ne la considère pas ce pays «comme un adversaire», «supprime la démocratie et les droits de l’homme chez elle».
L’agenda OTAN 2030, qui a été adopté au sommet de l’Otan tenu à Bruxelles au mois de juin, vise à «renforcer encore le rôle de l’Alliance comme forum incontournable de consultation, de décision et, si nécessaire, d’action pour toutes les questions touchant à notre sécurité», a souligné Jens Stoltenberg. L’Otan liste «des tactiques hybrides, comme on le voit aujourd’hui depuis la Biélorussie à la frontière avec la Pologne», comme «des menaces terroristes persistantes» ou la prolifération des armes nucléaires, sans oublier «les implications du changement climatique sur la sécurité».
Otan et UE. L’Otan, pour affronter les nouvelles menaces, veut rester unie avec l’Europe en obtenant plus de coopération avec l’Europe tout en rajoutant que l’ «Otan et l’UE sont des organisations différentes, avec des membres différents, des rôles différents et des outils différents». Jens Stoltenberg stipule qu’il travaille maintenant avec la présidente [de la Commission européenne] Ursula von der Leyen et le président [du Conseil européen] Charles Michel sur une nouvelle déclaration commune entre les deux présidents de l’UE» et lui-même «pour tracer la voie à suivre pour renforcer encore la coopération Otan-UE».
«C’est pourquoi le renforcement de l’unité transatlantique et le renforcement de l’Otan sont si importants en ce moment», a expliqué Jens Stoltenberg. L’Otan affirme que «ces dernières années, les Etats-Unis ont accru leur présence militaire en Europe», «avec plus de troupes, plus d’exercices et plus d’équipement pré-positionné». Pour l’Otan, qui informe investir «dans les dernières technologies, de l’intelligence artificielle aux biotechnologies et aux ordinateurs quantiques», cela est une «démonstration très forte d’engagement envers la sécurité transatlantique, qu’ils [Les Etats-Unis] augmentent réellement leur présence en Europe».
L’Otan «salue les efforts européens en matière de défense», et Jens Stoltenberg «compte sur l’Allemagne pour continuer à investir dans la défense» car «l’Allemagne a la responsabilité particulière de maintenir la force de l’Otan», «cela signifie fournir plus et de nouvelles capacités. Des soldats bien entraînés et bien équipés. Des avions capables de voler. Et des navires qui peuvent naviguer». Il a particulièrement martelé qu’il «compte sur l’Allemagne pour rester attachée au partage nucléaire de l’Otan».
Même si l’Otan affirme que «son objectif est un monde sans armes nucléaires», elle répond qu’elle a «besoin d’armes nucléaires pour nous assurer d’avoir une dissuasion nucléaire significative» et demande à l’Allemagne de décider s’il y aura des armes nucléaires dans ce pays, expliquant que si cela n’était pas le cas il existe une «alternative» facile à trouver «avec des armes nucléaires dans d’autres pays d’Europe, également à l’est de l’Allemagne». En d’autres termes, l’Otan envisage, officiellement, de placer des armes nucléaires à la frontière avec la Russie et de continuer la course à l’armement nucléaire au risque de menacer encore plus la paix dans le monde.
Source : Observateur continental