Les Emirats arabes unis ont annoncé, mercredi 24 novembre, un fonds de 10 milliards de dollars (près de 9 milliards d’euros) pour des investissements en Turquie, à l’occasion de la visite du prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed (MBZ).
Le prince héritier a été accueilli avec les honneurs à Ankara par le président turc Recep Tayyip Erdogan, ouvrant un nouveau chapitre des relations entre les rivaux régionaux d’hier.
Signe des fortes espérances que suscitait cette visite, la première à ce niveau en Turquie depuis 2012, les chaînes d’information turques ont toutes diffusé en direct les premiers pas de MBZ sur le tapis bleu d’apparat.
Elles ont fait de même en fin de journée, sans un mot de la part des deux dirigeants, qui ont signé apparemment plusieurs accords et contrats dont le contenu n’a pas été révélé.
L’offrande d’un chèque important, de plusieurs milliards de dollars, au bénéfice de la Turquie en plein marasme économique, a été notamment avancée par les observateurs.
Ce premier rendez-vous, qui devait permettre d’aplanir les nombreuses divergences entre les deux dirigeants qui aspirent à un rôle régional, tombait à point nommé – même s’il était préparé depuis l’été – au lendemain d’un nouveau plongeon historique de la livre turque.
La monnaie nationale a perdu plus de 40% face au dollar depuis le début de l’année et l’inflation frôle les 20%.
Il s’agissait aussi de renforcer les liens économiques entre les Emirats arabes unis et la Turquie et d’ouvrir la voie à des investissements émiratis dans les grands projets du président Erdogan.
«Le but principal de cette visite est d’accroître les échanges commerciaux et les partenariats économiques grâce à des investissements profitables», a indiqué le ministre émirati de l’Industrie et des technologies avancées, Sultan al-Jaber, à la chaine locale TRT Haber.
La Turquie est «un partenaire naturel» d’Abou Dhabi, a-t-il insisté. Naturel mais souvent irrité, tant les divergences stratégiques sont nombreuses entre les deux capitales, comme sur le dossier libyen (chacun soutient un camp adverse), ou en Méditerranée Orientale (les Émirats ont pris le parti de la Grèce et de Chypre).
Cette rencontre au sommet doit aussi permettre de réparer la relation «entre deux acteurs majeurs qui cherchent à s’affirmer de la région», selon Hasni Adibi, professeur de relations internationales à l’Université de Genève et directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM), cité par l’AFP.
Des motifs de colère se sont accumulés au fil des années, surtout depuis le coup d’État avorté de juillet 2016, quand le président Erdogan a accusé MBZ d’en être l’un des instigateurs, le traitant de «pire ennemi de la Turquie».